Législatives 2018 au Gabon, les enjeux d’un scrutin : dans le Haut-Ogooué, les barons du PDG seront-ils balayés par une nouvelle génération ? (1/3)

Les élections législatives prévues au Gabon fin avril 2018 revêtent un enjeu principal. Pour la majorité qui part favorite du scrutin, il s’agit de donner à l’Exécutif une majorité qui soit la plus confortable possible pour lui permettre de gouverner dans les meilleures conditions. Pour l’opposition, il s’agit d’imposer au Président Ali Bongo une cohabitation, même si le défi sera pour elle difficile à relever.

Mais au-delà de cet enjeu principal, d’autres enjeux, moins voyants mais tout aussi fondamentaux, seront présents lors de ce scrutin. Parmi ceux-ci figure celui du renouvellement en profondeur de la classe politique, en particulier du côté de la majorité.

A l’occasion des élections législatives au Gabon, La Libreville a mené l’enquête en commençant par l’une des provinces qui sera parmi les plus observées : celle du Haut-Ogooué, fief du président Ali Bongo.

Pourquoi le Haut-Ogooué ? La province attire les regards, ne serait-ce que parce qu’en 2016, lors de l’élection présidentielle, elle a offert 99 % des voix à l’actuel chef de l’Etat avec un taux de participation de plus de 95 %, des chiffres qui ont fait à l’époque polémique. Egalement parce qu’à la faveur du nouveau redécoupage électoral, cette province a augmenté le nombre de députés qu’elle enverra siéger à l’Assemblée nationale (22 sur un total de 143). Enfin, parce qu’elle sera sans doute l’une des clés du scrutin, la majorité devant y transformer l’essai. Celle-ci ne peut en effet s’offrir le luxe d’un résultat mitigé. Dans ce cas, ce serait pour elle un mauvais signal qui serait envoyé.

Pour la majorité, les choses ne sont pas gagnées d’avance. Loin de là. Et pour cause, dans ce qui est considéré comme le fief présidentiel, le Parti Démocratique Gabonais est en mal de leadership. Jadis, dans les années 1990-2000 sous Omar Bongo, deux barons Pédégistes régnaient en maître dans la province : Paul Toungui, l’ancien ministre des Finances, et le général Idriss Ngari, plusieurs fois ministre sous Omar Bongo (Santé, Travaux publics, Equipement, etc.).

Leur règne a été interrompu avec l’arrivée au pouvoir d’Ali Bongo et la nécessité pour le PDG de renouveler ses responsables. Ceux-ci ont donc été remplacés par de nouvelles figures telles qu’ Ernest Mpouho Epigat (actuel directeur général de la Société de Patrimoine et ancien ministre de la Défense), Jean-Pierre Oyiba (ministre d’Etat chargé des Infrastructures, des Travaux publics et de l’Aménagement du territoire), Mathias Otounga Ossibadjouo (ministre des Sports, du Tourisme et des Loisirs), Luc Oyoubi (vice-président du groupe parlementaire PDG à l’Assemblée nationale) [NDLR : voir à ce sujet le deuxième volet de cette série sur le Haut-Ogooué].

Mais ces nouvelles figures n’ont jamais réellement su s’imposer de manière incontestable au point d’éclipser leurs ainés dans l’esprit des Alto-govéens. Pire pour le PDG et pour son influence, non contente de n’avoir su s’imposer, cette génération tente désormais d’empêcher l’émergence de nouveaux acteurs politiques dans la province.

Justement, à l’occasion du prochain scrutin législatif prévu en avril 2018, de nouvelles figures se présentent au portillon. Sauf que cette fois-ci, le contexte pourrait leur être plus favorable. Le pays et ses dirigeants sont, semble-t-il, animés d’une volonté réelle de renouvellement de la classe politique. Ces nouvelles têtes pourraient donc bien profiter de ce momentum, notamment dans le Haut-Ogooué. Parmi elles, figurent Estelle Flore Angangou, la nouvelle porte-parole du PDG, ancienne suppléante de Luc Oyoubi et possible dauphine de ce dernier, Ulrich Outou, Cadre de la Caisse de stabilisation et de péréquation, tous deux originaires d’Okondja, le chef-lieu du département de Sébé-Brikolo dans la province du Haut-Ogooué, ou encore Fabrice Andjoua Bongo Ondimba, le nouveau Directeur Général du Budget et des Finances publiques (DGBFIP), qui pourrait s’illustrer à Franceville. Leur élection (ou non) sera sans doute un signe de la volonté (ou pas) de l’électorat de tourner une page au sein de la majorité pour laisser la place à une nouvelle génération.

Autrement dit, à l’occasion de ce scrutin, l’alternance sera moins à rechercher entre la majorité et l’opposition, qu’au sein même de la majorité où s’affrontent les partisans du statu quo et ceux du changement qui cherchent à renouveler en profondeur et de l’intérieur le parti présidentiel.

NB / A lire demain le second épisode de cette série : Législatives 2018, les enjeux d’un scrutin : dans le Haut-Ogooué, les barons du PDG conserveront-ils et leurs sièges et leur influence ? (2/3)