Le président gabonais Ali Bongo Ondimba parmi les invités de marque du « Sommet de Paris » pour un nouveau pacte financier mondial les 22 et 23 juin

Après leur rencontre à Libreville le 1er mars 2023, Ali Bongo Ondimba et Emmanuel Macron vont se retrouver à Paris les 22 et 23 juin © Facebook/Présidence Gabon

Chefs d’Etat et de gouvernements, dirigeants d’entreprise, financiers, experts du climat… Tous se réunissent jeudi 22 et vendredi 23 juin à Paris à l’initiative d’Emmanuel Macron lors du « sommet pour un nouveau pacte financier mondial ». 

Qu’il s’agisse de l’un ou de l’autre, l’argent sera au centre des discussions de ce sommet au Palais Brongniart, Place de la Bourse, à Paris. Les pays riches seront mis face à leur promesse, censée être tenue cette année après beaucoup de retard, de financer 100 milliards de dollars par an pour aider les pays en développement face au réchauffement climatique.

« Désormais, la bataille contre la pauvreté, la décarbonation de notre économie et la lutte pour la biodiversité sont très liées ensemble », avait affirmé Emmanuel Macron fin avril 2023, en référence à ce sommet dont l’idée a germé au moment de la COP27 à Charm-el-Cheikh, en Egypte, en novembre 2022.

Le parterre s’annonce garni à Paris, avec une centaine de pays représentés dont une cinquantaine de chefs d’Etats et de gouvernements sur place. Parmi les participants annoncés sur le site du sommet figurent le chef de l’ONU Antonio Guterres, le chancelier allemand Olaf Scholz, la secrétaire américaine au Trésor Janet Yellen accompagnée de l’envoyé spécial pour le climat John Kerry ou encore la militante Greta Thunberg, en marge.

Sont également annoncés la présidente de la commission européenne, Ursula Von der Leyen, le président du Conseil européen, Charles Michel, la présidente du FMI, Christine Lagarde, la directrice générale de l’OMC, Ngozi Okonjo-Iweala.

« La présence du président gabonais est très importante »

Le nouveau président de la Banque mondiale, Ajay Banga, sera également présent à Paris, tout comme la directrice générale du FMI, Kristalina Georgieva. Très attendue sur la dette car prêteur incontournable de l’Afrique mais rechignant à participer à un cadre commun de restructurations avec les pays occidentaux, la Chine sera représentée par son Premier ministre Li Qiang.

Des chefs d’Etat seront également présents :  le Tunisien Kaïs Saïed, le Cubain Miguel Diaz-Canel mais surtout le Gabonais Ali Bongo Ondimba. « La présence du président gabonais est très importante car le Gabon est en première ligne dans la lutte contre le changement climatique. La forêt du Bassin Congo-Ogooué capte, au mètre carré, beaucoup plus de CO2 que l’Amazonie. Or, cette forêt recouvre 88 % du territoire gabonais. C’est entre autres pourquoi le Gabon, qui considère la protection de la forêt et de l’environnement en général comme une vraie priorité, est le pays le plus carbone positif au monde », explique le responsable d’une grande ONG internationale. « Il faut se rappeler que le 1er grand sommet sur les forêts équatoriales, qui sont d’une importance décisive dans la lutte contre les dérèglements climatiques, a été organisé à Libreville (les 1er et 2 mars dernier, NDLR) », souligne-t-il.

Dépoussiérer l’architecture financière internationale, et vite !

L’objectif du sommet est de dépoussiérer l’architecture financière internationale, née des accords de Bretton Woods en 1944 avec la création du Fonds monétaire international et de la Banque mondiale, et de le faire vite. « Si on commence dans les années 2030, cela nous coûtera beaucoup plus et les dilemmes seront vertigineux », déclare Sarah Jane Ahmed, conseillère d’un groupe de 58 pays très vulnérables appelé V20.

Les besoins sont immenses : un groupe d’experts indépendants sur le financement de la lutte contre le changement climatique, créé sous l’égide des Nations unies, a estimé l’an dernier que les pays en développement autres que la Chine devront dépenser plus de 2000 milliards de dollars par an d’ici à 2030 pour le développement et pour répondre à la crise du climat et de la biodiversité. Pour l’heure, le compte est loin d’y être.

Des réformes institutionnelles aux sujets de taxation, de la question de la restructuration des dettes des pays pauvres au rôle du secteur privé, une large palette de sujets sera abordée durant ces deux jours, qui s’étendent indirectement sur trois avec la réunion annuelle parallèle du Club de Paris mercredi 21 au ministère de l’Economie, avec au menu les questions d’endettement des pays pauvres.

L’Elysée entend donner un « élan politique » à l’idée d’une taxe internationale sur les émissions de carbone de l’industrie du transport maritime, à deux semaines d’une réunion cruciale de l’Organisation maritime internationale (OMI).

Le Gabon compte avancer sur le sujet des crédits carbone

D’autres sujets vont occuper les échanges, de l’idée de la suspension du paiement de la dette en cas de catastrophe naturelle, très soutenue par la Première ministre de la Barbade Mia Mottley, à une potentielle taxation internationale sur les transactions financières qui a peu de chances d’avancer.

Les banques multilatérales de développement, bailleurs de fonds des pays vulnérables, de l’Amérique latine à l’Afrique subsaharienne, seront aussi appelées à prêter davantage, quelques mois après l’annonce de la mobilisation de 50 milliards de dollars sur dix ans par la Banque mondiale.

Quant au Gabon, il profitera de l’événement pour appeler à une meilleure prise en compte des crédits carbone. Le pays en a plus de 180 millions en stock. Il comptait en vendre la moitié à l’occasion de la COP 27 en novembre 2022. Mais pour l’heure, ils n’ont toujours pas trouvé preneurs…

(Avec AFP)