Le Gabon souhaite porter le nombre d’élèves dans le secteur de la formation technique et professionnelle de 2 500 à 10 000 d’ici 2023, un effort sans précédent

Le ministre du Travail et de la Formation professionnelle, Madeleine Berre, visitant le chantier de la construction d'un centre de formation à Nkok vendredi 19 juillet © DR

… Qui s’inscrit dans la volonté de l’Exécutif d’améliorer l’employabilité des Gabonais, autrement dit de faire davantage correspondre leurs compétences avec les besoins réels et potentiels constatés sur le marché du travail. Objectif : favoriser l’emploi. 

Le sujet est technique. Peu spectaculaire. Il ne relève pas de la politique politicienne et des petites phrases dont les réseaux sociaux – et les médias – se délectent. Mais c’est une véritable révolution. Une révolution silencieuse, à bas bruit, qui tend peu à peu à changer en profondeur le pays.

Le gouvernement a décidé d’accroître le nombre d’établissements techniques et professionnels. L’objectif à court terme, autrement dit d’ici 2023, est de passer de 2500 à 10 000 élèves. C’est la conséquence de la volonté des autorités de mieux faire correspondre les compétences des jeunes Gabonais avec les besoins réels ou potentiels constatés sur le marché du travail, ce que l’on appelle l’employabilité.

Pour tenir l’objectif, plusieurs établissements ont été mis en chantier, un financé par le Maroc et trois grâce à l’appui d’Avic international. Vendredi 19 juillet, le ministre responsable du Travail et de la Formation professionnelle, Madeleine Berre, a visité le chantier de l’un des trois centres professionnels construit par Avic international à Nkok.

Démarré en 2018, le centre de formation sera livré en mars 2020 pour permettre une rentrée académique sur l’année 2020-2021. D’une capacité de 1000 places et d’un internat de 600 places, il sera dédié aux formations dans la transformation industrielle. « Il y a des formations qui seront  offertes pré-Bac et des formations qui seront offertes post-bac», a indiqué le ministre, précisant que ce centre proposera « des formations en continu d’une durée qui varie de 10 à 12 mois ou 2 ans, des formations en alternance et d’autres qualifiantes pour les entreprises qui voudront renforcer les capacités de leurs travailleurs ».

« Sur l’ensemble du territoire, nous avons 5 centres en construction pour une capacité de 5 000 places», a ajouté le ministre (NDLR : le centre de Nkok, celui de Franceville, de Port-Gentil, ainsi que la réhabilitation de 9 centres de formation et 13 lycées techniques, auquel s’ajoutera le centre de formation d’Akanda, un don du roi du Maroc ; d’une capacité de 330 places et tourné vers les métiers du transport et de la logistique, il sera opérationnel pour la rentrée en cette fin d’année). « Tout ce programme de financement de formation professionnelle nous permettra d’ici à 2023 d’augmenter les capacités actuelles de 2 500 à 10 000 apprenants », a déclaré Madeleine Berre.

Lancement d’une campagne de recrutement

Le gouvernement a fait de la formation professionnelle une priorité. C’est ce qui est ressorti de la Task force sur l’éducation qui s’est réuni en août dernier. En effet, on observe au Gabon un taux de chômage encore trop élevé et, en parallèle, des emplois non-pourvus par les locaux faute de qualification. C’est ce hiatus entre l’offre de formation et les besoins sur le marché du travail qu’entend combler, et vite, le gouvernement. « Ce qui se joue ici c’est la bataille pour l’emploi », décrypte un membre du cabinet du ministre.

Pour accélérer le rythme et tenir les délais, le gouvernement a lancé, via Madeleine Berre ce vendredi 19 juillet, une campagne de recrutement, déclinée sur différents supports, pour attirer davantage de jeunes dans les filières techniques plutôt que de les laisser s’entasser dans les filières supérieures générales qui, au fil du temps, sont devenues des voies de garage. « Les métiers sur lesquels nous avons des besoins sont des métiers de techniciens agricoles, opérateurs de machine, opérateurs dans la chaudronnerie, etc. Notre marché n’offre pas ces formations. Il est important pour nous de déjà sensibiliser les jeunes », a expliqué le ministre.

Rien que pour absorber la masse des nouveaux entrants chaque année sur le marché du travail, le Gabon doit créer environ 20 000 emplois. Il en faudrait plus pour commencer à réduire le taux de chômage. La formation technique et professionnelle est une des clés pour y parvenir.