Le Gabon renforce son dispositif de lutte contre les dérives sur les réseaux sociaux

Un projet d'ordonnance visant à lutter contre les dérives sur les réseaux sociaux et internet a été adopté lors du conseil des ministres du 31 janvier 2020 présidé par Ali Bongo Ondimba © DR

Une semaine jour pour jour après les violences qui ont émaillé la capitale Libreville, provoquées par des rumeurs sur une prétendue vague d’enlèvements d’enfants,  le conseil des ministres présidé vendredi 31 janvier par le président Ali Bongo Ondimba a adopté un projet d’ordonnance visant à renforcer l’arsenal juridique pour lutter contre les dérives sur les réseaux sociaux et sur internet. 

Dans son ouvrage sur l’affaire Calas paru en 1763, le philosophe Voltaire écrivait : « Huit rumeurs qui ne sont que le bruit d’un écho mal fondé finissent par faire une preuve. » Une formule qui prend aujourd’hui tout son sens, en même temps qu’un tour dramatique, avec l’omniprésence des réseaux sociaux.

De fait, la vie virtuelle n’est pas sans incidence sur le monde réel. C’est la leçon, nullement nouvelle, à tirer des violences qui ont éclaté le 24 janvier dernier à Libreville. Deux hommes, accusés à tort d’être des kidnappeurs d’enfants, ont été lynchés par la foule ; de nombreux blessés ont été dénombrés et d’importants dégâts matériels constatés. La raison ? Des rumeurs, catégoriquement démenties, sur une prétendue vague d’enlèvements d’enfants.

Le gouvernement n’a cette fois-ci pas tergiversé. Hier, en conseil des ministres, un projet d’ordonnance a été adopté qui complète la loi du 25 septembre 2011 relative à la protection des données à caractère personnel. Son objet : renforcer l’arsenal juridique en matière de protection des données personnelles et de la vie privée.

Concrètement, celles et ceux qui diffusent de fausses informations sur les réseaux sociaux (fake news ou infox), diffusent des images violentes, comme on l’a vu lors de la journée du 24 janvier dernier, utilisent des photos d’autrui sans son autorisation, ou se livrent au cyber-harcèlement seront plus facilement sanctionnables.

Ce texte prévoit en outre la mise en place d’une Redevance sur la Protection des Données Personnelles et de la Vie Privée.

Sous ses aspects techniques, il s’agit d’une véritable rupture selon l’un des inspirateurs du texte. « C’est la fin de l’angélisme. Internet et les réseaux sociaux sont un espace de liberté, certes. Mais la liberté ne va pas sans responsabilité. Et pour s’assurer que la responsabilité y soit effective, il faut qu’il y ait des sanctions contre les potentiels abus », commente ce spécialiste du droit des nouvelles technologies.