« Le Gabon est l’un des deux pays d’Afrique les mieux équipés pour lutter contre Ebola », explique un chercheur de l’Institut Pasteur

Le Gabon est l'un des deux seuls pays sur le continent africain avec l'Afrique du sud à être équipé d'un laboratoire de recherche sur les virus dangereux, dont Ebola © DR

Avec l’Afrique du sud, le Gabon est le seul pays sur le continent africain à abriter un laboratoire capable de traiter les virus les plus dangereux, dont Ebola. 

« Ça n’est qu’une rumeur aujourd’hui », répètent les autorités. « Mais si la présence du virus Ebola venait à se confirmer un jour, nous serions prêts de toute façon », dit un chercheur du P4, un laboratoire hautement sécurisé créé pour traiter les virus les plus dangereux dont Ebola.

Alors qu’une rumeur sur la possible présence du virus au Gabon s’est propagé ces derniers jours (lire notre article), les chercheurs de ce laboratoire situé à l’écart des bâtiments principaux du Centre international de recherches médicales de Franceville (CIRMF), chef-lieu du Haut-Ogooué dans le sud-est du pays, sont eux sereins.

« Il est interdit de le photographier ou de le filmer. Et seuls trois chercheurs et un technicien sont habilités à y pénétrer via un badge d’accès dédié », explique Illich Mombo, virologue et responsable de ce laboratoire placé sous vidéo-surveillance.

« Entre l’arrivée d’un échantillon suspect et le rendu des résultats du diagnostic, il faut en moyenne de 24 à 48 heures », selon Illich Mombo.

Quand il y pénètre pour « inactiver » des virus suspects et dangereux – parmi lesquels celui d’Ebola qui sévit en République démocratique du Congo (RDC) – le docteur Mombo revêt une combinaison qui le protège des pieds à la tête. Celle-ci sera ensuite détruite, une fois son travail terminé, indique l’AFP dans un reportage paru l’année dernière. Des mesures draconiennes destinées à éviter tout risque de contamination aux effets potentiellement dévastateurs.

« Ebola n’a aucune chance de se propager au Gabon au-delà de quelques cas isolés »

Sur le continent africain, seuls le CIRMF et un centre de recherches de Johannesburg possèdent un laboratoire de ce type. Ce qui fait dire à ce chercheur de l’Institut Pasteur à Paris, spécialiste des maladies tropicales et des virus que « le Gabon est l’un des deux pays d’Afrique les mieux équipés pour lutter contre Ebola. »

Créé en 1979 par l’ancien président Omar Bongo Ondimba pour étudier l’hypo-fécondité dans son pays, le CIRMF a par la suite étendu ses activités à la recherche contre le sida, le paludisme, le cancer, les virus et les maladies tropicales négligées qui, selon l’OMS, affectent un milliard de personnes dans le monde.

Il est financé par l’État gabonais, ainsi que par la coopération française. Sa réputation attire de nombreux chercheurs, étudiants et stagiaires venus d’Afrique, d’Asie, d’Europe et des Etats-Unis.

« Si la présence du virus Ebola n’a aucune chance de se propager au Gabon au-delà de quelques cas isolés, il continue de sévir en Afrique et notamment en Afrique centrale », fait observer le chercheur de l’Institut Pasteur. Depuis son apparition en août 2018 dans l’est de la RDC (Nord-Kivu et Ituri), le virus a fait plus de 2 000 morts. Quelques mois plus tôt, une centaine de cas mortels avaient été détectés dans l’ouest du pays.