Le cabinet d’avocats américain Bryan Cave LLP réclame 1,25 million de dollars au Gabon pour un contrat de lobbying signé en 2016 avec Maixent Accrombessi

L'ex-directeur de cabinet de la présidence du Gabon, Maixent Accrombessi © DR

L’objet de ce contrat mirobolant, signé à l’époque par l’ex-directeur de cabinet d’Ali Bongo, Maixent Accrombessi, était de renforcer les relations entre le Gabon et l’administration américaine.

Les cadavres finissent toujours par sortir du placard. A preuve, le Gabon qui n’en finit pas de payer les excès de l’entourage d’Ali Bongo durant le premier mandant (2009-2016) comme le démontre cette nouvelle affaire.

Le 29 janvier 2016, l’État gabonais, à l’initiative de Maixent Accrombessi, l’ancien directeur de cabinet du président de la République, signe un contrat avec Bryan Cave LLP. Le cabinet d’avocats international, qui disposait alors d’un bureau à Libreville, devait « resserrer les relations diplomatiques » entre le Gabon et les États-Unis d’Amérique et notamment provoquer une rencontre entre les présidents américain et gabonais, Donald Trump et Ali Bongo.

En contrepartie de la réalisation de ces prestations, le Gabon s’était engagé à payer un montant fixe de 1,38 million de dollars, soit environ 813 millions de francs CFA. Une somme qu’il n’a manifestement jamais recouvré. Le cabinet s’est alors porté devant la justice américaine. Le 3 avril 2018, une décision du conseil d’arbitrage du District de Columbia somme l’État gabonais de s’acquitter de sa dette ramenée à 1,25 million de dollars, soit 736,7 millions de francs CFA.

A l’appui de sa requête, parmi les documents fournis par le cabinet Bryan Cave LLP devant la justice américaine figure une lettre de mission (en français) signée par l’ancien directeur de cabinet d’Ali Bongo. Dans celle-ci, la partie gabonaise s’engage à régler par « arbitrage » d’éventuels « différends », d’où la procédure engagée le cabinet d’avocats.

Dans sa décision, la cour arbitrale du District de Columbia prévoyait qu’à compter du 3 avril 2019 – date anniversaire de la sentence rendue un an plus tôt -, une pénalité de 6 % serait appliquée jusqu’à ce que la dette soit été intégralement payée.

Mais ne voyant toujours rien venir, Bryan Cave LLP a, il y a quelques jours, dans un courrier en date du 29 mai dernier, demandé à la cour d’arbitrage de prendre « une ordonnance de jugement contre la République gabonaise ». C’est le ministre des Affaires étrangères gabonaises, Abdu Razzaq Guy Kambogo, qui devrait être officiellement informé de la demande du cabinet d’avocats. La cour le somme d’ailleurs d’y répondre sous 60 jours.

Pour ce haut-diplomate en poste depuis plusieurs années à Libreville, « le Gabon paye dans cette affaire les excès de l’entourage présidentiel durant le premier mandat d’Ali Bongo Ondimba. »