Le Brexit vu du Gabon : « Partout dans le monde, les peuples veulent des choix clairs et des pouvoirs forts »

Le premier ministre britannique, Boris Johnson, a posté cette photo ce vendredi sur sa page Facebook au lendemain de sa victoire éclatante lors des élections législatives © DR

Au Royaume-Uni, le parti conservateur et sa figure de proue, Boris Johnson, ont obtenu la majorité absolue lors des élections législatives de jeudi, selon des résultats presque définitifs. Une victoire nette qui ouvre la voie à la mise en oeuvre de la promesse phare du premier ministre britannique : la sortie du Royaume-Uni de l’UE (Brexit) d’ici le 31 janvier 2020. Une perspective qui n’est pas pour déplaire au Gabon. 

Alors que la quasi-totalité des médias européens (qui se piquent de « progressime ») lui prédisait une défaite, puis jusqu’à hier soir encore une victoire étriquée, alors que les mêmes n’avaient cessé d’appeler à un deuxième référendum qui, dans leur esprit, invaliderait le premier (en juin 2016, les Britanniques avaient voté à 52 % en faveur de la sortie du Royaume-Uni de l’UE), hier, jeudi 12 décembre, les Britanniques ont voté massivement en faveur du parti conservateur dont le leader, le premier ministre Boris Johnson, avait, en guise de programme, un slogan simple : « Get Brexit done! »

A 4 heures du matin à Londres (5 heures à Libreville), Boris Johnson a pris la parole devant la foule de ses supporteurs. Le sourire aux lèvres, il s’est félicité d’avoir reçu « un nouveau mandat fort pour réaliser le Brexit ».

Les médias occidentaux mainstream pointés du doigt

Le parti conservateur devrait dépasser le seuil des 360 sièges (majorité absolue à 326), gagnant près de 50 sièges par rapport à 2017. Ce serait leur plus large majorité depuis Margaret Thatcher dans les années 1980. A l’annonce des estimations, la livre a bondi pour toucher son plus haut en 12 mois face au dollar (alors que les médias européens prédisaient un cataclysme économique et financier en pareil scénario…).

Au Gabon, dans les milieux économiques et politiques, on se réjouit de la victoire de Boris Johnson que les médias européens, dans leur écrasante majorité anti-Brexit, n’ont cessé de caricaturer. « Ici, les gens qui suivent la politique internationale apprécie beaucoup le premier ministre britannique. Il y a aussi un effet de solidarité car le Gabon et ses dirigeants sont souvent caricaturés dans les médias occidentaux mainstream (dont la ligne est progressiste, NDLR) », commente Andrew, un britannique, expatrié au Gabon depuis une dizaine d’années et travaillant dans le secteur pétrolier.

Les modèles se trouvent aujourd’hui en Asie, voire en Afrique, comme le Rwanda

Une perception que partage ce professeur en science politique de l’UOB. « Ceux qui suivent attentivement l’actualité internationale au Gabon se réjouissent, dans leur très grande majorité, du résultat des élections législatives d’hier au Royaume-Uni. Partout dans le monde, les peuples veulent des choix clairs et des pouvoirs forts pour les mettre en oeuvre. En Europe en particulier, les gens veulent recouvrer leur souveraineté. Ils en ont assez de l’impuissance publique, de l’Union européenne technocratique, éloignée des aspirations populaires et qui ne les protègent pas et qui, pourtant, est encensée par les grands médias », analyse cet universitaire. C’est, selon lui, « ce qui explique la vague populiste qui déferle en Europe depuis quelques années » et qui, assure-t-il, « continuera de monter dans les prochaines années en Europe. »

Au Gabon, les modèles politiques sont aujourd’hui davantage à chercher du côté de l’Asie (Singapour, Chine), voire en Afrique elle-même (le Rwanda par exemple), que du côté de l’Occident volontiers perçu comme « donneur de leçons » et dont les systèmes politiques, largement marqués par l’impuissance publique et tenant insuffisamment compte des aspirations populaires, font davantage office de repoussoir.