L’attitude d’un journaliste français venu au Gabon faire un reportage avec un visa touristique créée la polémique

Un reportage consacré au pétrolier Perenco, tourné en partie au Gabon, sera diffusé ce jeudi soir 21 octobre sur la chaine de télévision publique France 2 © Twitter / Louis Milano-Dupont

Ce jeudi soir, 21 octobre, la chaine de télévision publique française diffusera dans le cadre de son émission « Complément d’enquête » un reportage consacré au groupe pétrolier Perenco, en partie tourné au Gabon. Problème : le journaliste en question n’avait aucune autorisation pour le réaliser car n’était muni que d’un simple visa touristique. De quoi relancer la polémique sur l’attitude des médias publics français qui s’autorisent en Afrique ce qu’ils s’interdisent ailleurs. 

« Suffisance », « condescendance », « néo-colonialisme »… C’est dernières heures, la Gabonsphère s’est enflammée après l’annonce d’un reportage tournée en partie au Gabon visant l’entreprise pétrolière Perenco.

Non en raison de la mise en cause de ce groupe pétrolier français qui est sous le coup d’une enquête judiciaire au Gabon pour des faits présumés de pollution de la mangrove.

Mais en raison des circonstances dans lesquelles le reportage, qui sera diffusé ce jeudi soir sur la chaine publique France 2, a été réalisé.

« Le journaliste en question (Louis Milano-Dupont, NDLR) est arrivé au Gabon avec un visa touristique. A aucun moment, il a indiqué quel était son intention », affirme un responsable de la Direction générale de la documentation et de l’immigration ».

« En clair, ce journaliste a tout simplement violé la loi gabonaise », fait observer celui-ci.

Ce nouvel incident n’est pas de nature à améliorer l’image des médias publics français qui s’est nettement dégradée ces dernières années en Afrique. « Un journaliste français considère que la loi gabonaise est illégitime. Donc, la violer pour lui est un acte normal. Pire, c’est un motif de fierté qu’il portera en bandoulière », observe Marc, enseignant du secondaire à Port-Gentil, qui se décrit comme un Gabonais moyen.

Pour Martine, qui prépare un doctorat de droit à l’UOB, « ce genre de problème n’arrive qu’avec les médias français. Avec les autres jamais ». Et d’ajouter : « Ce journaliste se serait-il permis d’agir ainsi ailleurs qu’en Afrique ? Pour moi, c’est une attitude pour le moins condescendante, voire, j’ose le terme, néo-colonialiste ».

Régulièrement, les médias publics français sont mis en cause pour leur parti-pris idéologique. Lors d’un sondage réalisé en 2012, 92 % de la profession avait indiqué avoir voté pour le candidat de gauche (François Hollande) contre 8 % seulement pour celui de droite (Nicolas Sarkozy). « Si vous n’êtes pas de gauche, vous n’avez aucune chance d’intégrer un média public français », fait observer une des grandes plumes de L’Union qui ajoute que « le pluralisme des opinions n’y est qu’un mythe ».

Ce qui n’est pas sans conséquence sur la ligne éditoriale, où le sensationnalisme le dispute souvent au moralisme. « Beaucoup de leurs journalistes se vivent comme des chevaliers blancs, des redresseurs de tort », constate pour le déplorer cette plume de L’Union.

Mais il n’y a pas que sur l’Afrique que la couverture des médias publics français est décriée. Selon le dernier baromètre de la confiance politique réalisé en février 2021 par le Centre d’études sur la vie politique française (CEVIPOF), rattaché à Sciences Po Paris,  les journalistes sont la profession la moins appréciée des français (28 % de confiance seulement), très loin derrière les policiers par exemple (qui recueillent 69 % d’avis favorable).