Un an et demi après avoir accordé sa dernière grande interview – c’était dans le quotidien L’Union en octobre 2019 -, le chef de l’Etat gabonais s’est à nouveau confié, longuement, dans Jeune Afrique cette fois-ci. Un entretien – à paraitre dans l’édition du mois de mars du magazine (et disponible sur son site internet) – présenté comme « exclusif et sans tabou » dans lequel Ali Bongo Ondimba répond, de façon directe et sans détours, aux (nombreuses) questions du journaliste Marwane Ben Yahmed. De son état de santé réel, sa capacité à diriger le pays et la manière dont il s’est reconstruit progressivement ; à la lutte anti-corruption, aux conséquences de la pandémie de Covid-19 ou la stratégie des autorités pour mener à bien les réformes ; en passant par la chute de son ex-directeur de cabinet, Brice Laccruche Alihanga, les nombreux changements de gouvernements et de premiers ministres, ainsi que l’ascension de son fils aîné, Noureddin Bongo Valentin, « rien n’est éludé », comme le souligne Jeune Afrique. Une interview, éloignée de la traditionnelle langue de bois qui affecte trop souvent ce genre d’exercice, qui vaut le coup d’œil. En voici un extrait.
Jeune Afrique : Vous avez face à vous une opposition éclatée. Qui sont vos principaux adversaires ? Jean Ping, Guy Nzouba-Ndama, Alexandre Barro-Chambrier ?
La démocratie gabonaise gagnerait à avoir une opposition structurée et constructive, qui ne se contente pas de critiquer sans jamais faire de contre-propositions. La politique n’est pas qu’un jeu de pouvoir. C’est avoir entre ses mains le destin de centaines de milliers de femmes et d’hommes. Il faut donc être responsable et savoir faire passer les intérêts de son pays avant tout. »
Un peu plus tôt, au détour d’une question sur son état de santé, le président de la République avait déjà préparé le terrain.
« Plutôt que de polémiquer, je conseillerais (à mes adversaires) de travailler à formuler des idées, à ce qui préoccupe au quotidien la population, et d’avoir une approche constructive. Penser convaincre les Gabonais en se contentant de critiquer et de polémiquer, c’est se fourvoyer complètement. »