Insalubrité à Libreville : 98 % des déchets collectés par Clean Africa contre 2 % seulement par AGLI selon une récente mission d’inspection

La position de Lambert Noël Matha vis-à-vis du marché de la collecte des déchets de Libreville soulève de nombreuses questions © DR

Cette mission d’inspection des services techniques, conduite en présence du ministre de l’Intérieur Lambert Noël Matha, s’est déroulée dans la nuit du 12 au 13 juillet de 21 heures à 6 heures du matin dans plusieurs quartiers de Libreville. 

La mission s’est rendue tour à tour au la zone de Cocotiers au marché de Nkembo, puis à Nzeng Ayong, au PK 12, à Ozangue et Damas, à Awendje, dans la zone industrielle d’Oloumi – plaine Niger – feux tricolores Akebe – poste Akebe – marché pour se terminer dans la zone nord notamment Okala et Agondje château.

A cette occasion, la mission n’a constaté aucune anomalie dans l’exécution des missions de Clean Africa, pourtant pointée du doigt récemment par le ministère de l’Intérieur.

Mieux, selon la mission, Clean Africa a collecté ce jour-là 98 % des 421 tonnes de déchets collectées contre 2 % seulement à l’Association Gabonaise de Lutte contre l’Insalubrité (AGLI), le partenaire technique imposé à Clean Africa par le ministère de l’Intérieur suite à la mise en place d’un « plan d’urgence » controversé.

Il faut dire que, depuis 2012, la mise en place de plans d’urgence de collecte des ordures de la ville de Libreville obéit toujours au même scénario. Le ministère de l’Intérieur, par ailleurs ordonnateur de crédit au profit de  l’entreprise publique de collecte des ordures, crée les conditions défavorables en bloquant la subvention dédiée à l’entreprise publique. Cette dernière faisant par conséquence face à d’énormes difficultés dans l’exécution de ces missions faute de moyens financiers, c’est alors que, fort opportunément, l’argent qui manquait alors réapparait comme par magie pour financer le plan d’urgence qui s’en suit.

Lambert Noël Matha en pompier pyromane ?

Le dernier plan d’urgence, lancé par Brice Laccruche Alihanga en 2018, avait été l’occasion d’un déblocage  massif de  fonds publics en vue officiellement de remédier à l’insalubrité de la capitale gabonaise. Les fonds décaissés en urgence avaient finalement été répartis entre diverses entreprises toutes créées pour l’occasion et toutes propriétés des proches de l’ancien directeur de cabinet de la Présidence. Les rues de Libreville, elles, sont restées toujours aussi sales.

L’histoire se répéterait-elle en 2021 ? Le 8 juillet dernier lors d’une réunion qu’il a présidé, le ministre de l’Intérieur aurait instruit Clean Africa de « débarrasser Libreville de toutes les ordures qui jonchent ses rues depuis quelque temps et de la maintenir dans un état de salubrité durable » sans, dans le même temps, lui en donner les moyens. Celui-ci est en effet accusé de traîner les pieds dans le versement de la subvention due à l’entreprise. Afin d’imposer AGLI sur ce juteux marché ? C’est ce dont sont en tout cas convaincues de nombreuses personnes familières de ce dossier.