Injure au chef de l’Etat : Le deux poids deux mesures médiatique entre Emmanuel Macron et Ali Bongo Ondimba

Depeint sur des affiches en Adolphe Hitler, Emmanuel Macron a porté plainte pour injure au chef de l'Etat © DR

Le président français a mandaté un cabinet d’avocats pour déposer une plainte contre un de ses concitoyens à l’origine des affiches le représentant en Adolf Hitler. Une plainte considérée comme légitime par les médias français. Mais si son homologue gabonais avait fait de même, la presse occidentale et locale n’aurait pas manqué de pousser des cris d’Orfraie au nom de… la liberté d’expression !

Le dénommé Michel-Ange Flori, originaire du Var a publié des affiches représentant Emmanuel Macron en Adolf Hitler sur des panneaux à Toulon et la Seyne-Sur-Mer dans le sud de la France. Le président de la République s’est tourné vers un cabinet d’avocats parisiens pour déposer plainte à son encontre.

Une enquête est déjà en cours, ouverte pour « injure publique » par le parquet de Toulon le mardi 20 juillet. « J’ai saisi la sûreté départementale du commissariat de Toulon dans le cadre d’une enquête préliminaire », a indiqué le procureur de Toulon Bernard Marchal précisant que la qualification retenue pourrait évoluer. L’auteur des affiches doit être entendu ce jeudi 29 juillet au commissariat de police.

Un délit passible d’une amende de 12 000 euros 

En 2019, la chaîne BFM TV avait déjà obtenu la condamnation de ce Varois pour une affiche titrée « La police vous parle tous les jours sur BFMTV », il avait plaidé « le droit à la parodie et la liberté d’expression ». Argument non retenu, il avait été condamné à 32 000 euros d’amende pour atteinte aux droits d’une marque.

Dans le cas présent,  Michel Ange Flori risque une amende 12 000 euros pour injure publique sur la personne du président de la République.

L’indignation sélective de certains médias

En France, cette démarche est jugée normale et légitime par les médias. Mais si pareille mésaventure était arrivée au Gabon, les choses auraient sans doute été bien différentes, explique un professeur en science de la communication de l’UOB. « Les médias comme RFI ou France 24 auraient crié à l’atteinte à la liberté d’expression. Quant aux médias locaux, en particulier ceux qui gravitent autour de l’OPAM, ils auraient crié à la censure ! », commente l’universitaire.

« Quand le chef de l’Etat ou la première dame sont diffamés ou injuriés dans les médias gabonais, ce qui arrive somme toute assez fréquemment, et que la justice gabonaise s’en mêle, on voit certains médias, toujours les mêmes, crier à la dictature », confirme un journaliste du grand quotidien L’Union et observateur averti du paysage médiatique gabonais.

Une manière de souligner que certains médias, internationaux comme locaux, ont décidément l’indignation bien sélective.