Immunité parlementaire : « Le cas du Gabon tranche nettement avec celui de la Côte d’Ivoire »

Guillaume Soro dénonce l'arrestation de cinq de ses députés sans levée préalable de leur immunité parlementaire © DR

Hasard du calendrier, au Gabon comme en Côte d’Ivoire, l’actualité politique a été monopolisée ces dernières heures par la question de l’immunité parlementaire. Avec une différence de traitement important entre les deux pays. 

Dans le cadre de l’opération anti-corruption lancée en novembre dernier, le Gabon prend un soin presque tatillon à respecter les règles de procédure. En particulier celles qui président à la levée de l’immunité parlementaire.

C’est ainsi qu’au terme de plusieurs semaines, l’Assemblée nationale, à la demande de la justice, a procédé hier, jeudi 26 décembre, à la levée de l’immunité parlementaire de l’un des siens, l’ex-ministre des Infrastructures et des Transports, redevenu fort opportunément député sur le tard, le 11 novembre dernier, Justin Ndoundangoye. La justice souhaitait en effet l’entendre sur de présumés détournements de fonds pour un montant important.

« Les règles de procédure ont été suivies à la lettre », explique l’un des vice-présidents de l’Assemblée nationale, conscient que la première chambre joue son crédit dans cette affaire et ne peut donc se permettre de « jouer avec les règles de droit ».

Le soin que le Gabon met à respecter les règles en matière de levée de l’immunité parlementaire tranche avec la situation dans d’autres pays en Afrique. Et, notamment en Côte d’Ivoire où, hasard du calendrier, la question a jailli à la une de l’actualité à la faveur de la tentative de retour avorté en Côte d’Ivoire de Guillaume Soro, l’ex-président de l’Assemblée nationale et premier ministre devenu opposant, visé par un mandat d’arrêt international pour « complot contre l’autorité de l’Etat », un crime passible de la prison à vie.

Nonobstant le discours de certains activistes

Sur Twitter, ce jeudi 26 décembre, Guillaume Soro s’est plaint en particulier du sort réservé à certains des députés de son parti. « Cinq députés de Côte d’Ivoire sont emprisonnés sans la levée de leur immunité. Et vous leurs collègues vous faites semblant de ne pas voir. Est-ce par lâcheté ou parce que l’Afrique et la Côte d’Ivoire ne méritent pas la démocratie ? », a-t-il fait mine de s’interroger.

« En matière d’immunité parlementaire, le cas du Gabon tranche nettement avec celui de la Côte d’Ivoire. Même si tout est loin d’être parfait, le respect des libertés fondamentales y est mieux assuré qu’ailleurs en Afrique, nonobstant le discours de certains activistes », fait observer un professeur de droit public, spécialiste en droit comparé, à l’Université Paris II Panthéon – Sorbonne qui relève « un décalage sur ce plan entre le traitement médiatique et la réalité ».