« Il faut éviter au Gabon de sombrer dans un populisme facile consistant à dire que, puisque le virus ne circule quasiment plus, il n’est plus nécessaire d’observer certaines précautions » (Jessye Ella Ekogha)

Le porte-parole de la Présidence de la République, Jessye Ella Ekogha © DR

A l’occasion de son point-presse ce vendredi 23 octobre, le porte-parole de la Présidence de la République a mis en garde ceux qui, pour des raisons de conviction, comme Mgr Iba-Bâ, ou moins louables (comme les opposants Jean Ping, Appel à agir ou Alexandre Barro-Chambrier), ont appelé à lever les mesures de précaution instaurées dans le cadre de l’état d’urgence. Verbatim.

« A tous ceux qui, de manière assez imprudente, appellent à une levée plus brutale, plus hâtive ou plus générale des précautions sanitaires, je ne saurais trop leur conseiller de regarder la situation ailleurs. Des pays où le virus avait semble-t-il disparu font face depuis plusieurs semaines à une résurgence subite de l’épidémie », a rappelé Jessye Ella Ekogha.

Et le porte-parole de la Présidence de poursuivre : « C’est la preuve qu’en cas de relâchement, la sanction peut être terrible. Et en ce cas, les efforts et même les sacrifices consentis par les Gabonais depuis le mois de mars l’auront été en pure perte. C’est pourquoi il faut mûrement réfléchir chaque décision et éviter de sombrer dans un populisme facile consistant à dire que, puisque le virus ne circule quasiment plus, il n’est plus nécessaire d’observer certaines précautions. Je le dis, ce serait une folie. Si nous n’y prenons garde, l’épidémie peut repartir, à tout moment ».

Opposition populiste et pyromane

Un message qui s’adresse à l’archevêque de Libreville qui fait preuve d’une impatience peu commune (lire notre article), mais également – et peut-être avant tout – à l’opposition gabonaise qui ne s’est pas distinguée ces derniers jours, c’est le moins que l’on puisse dire, par son sens de la responsabilité.

« Nous avons une opposition pyromane, qui tente de jeter de l’huile sur le feu pour attiser la contestation », explique un ministre de poids. Très affaiblie, celle-ci, qui ne peut attaquer la majorité sur son bilan – très bon en termes de riposte -, tente en effet d’instrumentaliser l’impatience de quelques uns pour plaider, avec une bonne dose de populisme, pour une levée précipitée des mesures de protection.

Ce fut le cas de Jean Ping mercredi (lire notre article) ou d’Appel à agir jeudi. « On assiste à une surenchère habituelle chez les politiques qui jouent au jeu du ‘qui sera le meilleur opposant’. Il suffit que l’un d’entre eux prenne la parole, pour que le lendemain un autre fasse de même. Derrière tout ça, il y a en toile de fond la lutte pour le leadership au sein de l’opposition et la place de favori de ce camp à la présidentielle de 2023. On est donc clairement en présence d’une instrumentalisation politicienne », explique un professeur de l’UOB.

« Mais », ajoute-t-il, « Les Gabonais pour autant ne sont pas dupes. Même s’ils souhaitent la levée des restrictions, ils craignent en même temps une reprise de l’épidémie dont les effets sanitaires mais également économiques seraient terribles. Ils ont donc conscience que les choses ne peuvent se faire qu’avec prudence et discernement. Dans cette situation, ce qu’ils attendent de leurs dirigeants, c’est qu’ils agissent en hommes d’Etat et non en politiciens cyniques », conclut l’universitaire en résumant l’état d’esprit général qui prévaut dans le pays.