« Habitués pendant plusieurs années à faire la pluie et le beau temps au Gabon, les médias proches de l’opposition au Gabon doivent désormais composer avec des titres qui ne partagent pas leurs opinions » (Médias 241)

Ces dernières années, le paysage médiatique gabonais a gagné en pluralité © DR / Image illustrative

Le site d’information en ligne Médias 241 a publié ce vendredi 12 août une tribune qui analyse finement les travers d’une partie de la presse gabonaise. Auto-qualifiée de « libre et indépendante », celle-ci s’érige volontiers en parangon de vertu. Elle est pourtant loin d’être irréprochable, écrit notre confrère. Nous la reproduisons ici dans sa version in extenso.  

« Réunie en conclave le 10 août dernier, l’autoproclamée « presse libre et indépendante » dont la majorité des titres est réputée proche des oppositions, a décidé d’interpeller le Président de la République sur les agissements d’une supposée presse « émargeant au Palais ». Dans le communiqué issu de ce conclave, nos confrères menacent à mots couverts la Présidence de la République d’une guerre médiatique qui « pourrait s’en suivre dans les jours à venir ».

Tout est parti des graves révélations de financement de certains médias d’opposition par des personnalités proches du pouvoir. Des révélations faites en direct devant les juges par Ike Ngouoni, ancien conseiller spécial du Président de la République. Ces révélations n’ayant curieusement pas fait l’objet d’une couverture médiatique par la « presse libre et indépendante » comme ce fut le cas lorsque l’ancien directeur général de Gabon Oil s’est livré à des accusations sans preuves contre des personnalités proches du pouvoir, ont été reprises par une flopée de média en ligne.

La salve d’articles de presse dénonçant la fausse indépendance dont aiment se prévaloir, certains membres de l’organisation patronale des médias du Gabon (OPAM) semble avoir fait mouche au sein de plusieurs de leurs rédactions.

Pour ces derniers, l’émergence de plusieurs médias dont les journalistes seraient incapables de brandir une carte de presse, est à l’origine « d’un paysage médiatique conflictuel au Gabon ». Pour rappel, au Gabon, la crédibilité d’un média se juge par sa capacité à propager des fakes news contre les autorités publiques ou d’insulter les institutions, notamment le chef de l’État, le Premier ministre ou tout autre officiel ne répondant pas favorablement à une sorte de chantage érigé par certains membres de l’OPAM.

Alors que l’organisation patronale des médias du Gabon gagnerait à faire relire la charte de Munich à certains de ses membres, elle s’est vautrée dans une série de menaces contenues dans un communiqué qui cache mal la fébrilité de ses auteurs.

Toutefois, ce communiqué a le mérite de mettre en évidence trois choses :

Premièrement : certains membres de cette corporation goûtent avec douleur à leur propre médecine, notamment celles de l’absence totale de déontologie dans le traitement de l’information, et du parti-pris systématiquement favorable à un camp politique plutôt qu’à un autre. Il suffit de parcourir les Unes diffamantes, insultantes, et ordurières de certains de ces médias pour se convaincre qu’aucun autre média n’a de leçon à recevoir d’eux.

Ensuite, la sortie des médias de l’opposition et toutes les initiatives qui seront entreprises par eux dans les prochains jours, prouve à suffisance que ces derniers ont l’habitude de lancer des attaques concertées contre les personnalités dont le minois ne leur revient pas. Ce qui peut expliquer les incursions régulières et coordonnées contre Rose Christiane Ossouka Raponda.

Enfin, si comme l’affirment les grands journalistes de l’OPAM, leurs alter-ego émargent à la Présidence, leurs promoteurs devraient se réjouir d’avoir permis l’éclosion d’une presse aux antipodes du Gabon Bashing dont se livre régulièrement les autoproclamés « Libres et indépendants ». Habitués pendant plusieurs années à faire la pluie et le beau temps, les médias proches de l’opposition doivent désormais composer avec des titres qui ne partagent pas leurs opinions. Les critiques sur les statuts administratifs des uns et des autres sont une fuite en avant, car ce n’est pas à l’OPAM de faire la police dans ce secteur.

Pris en grippe par certains patrons de presse proches de l’opposition pour n’avoir pas reconduit les deals qui permettaient à plusieurs médias pourtant libres et indépendant de toucher des dizaines de millions de FCFA par mois, certains collaborateurs du Chef de l’État sont devenus les cibles favorites de ces médias. Ces derniers n’hésitent pas à enfreindre la loi. Il est d’ailleurs temps pour ces personnalités, régulièrement trainées dans la boue par ces médias « libres et indépendants » de porter devant les juridictions compétentes toutes atteintes à leur honneur.

La guerre médiatique souhaitée par l’OPAM aura lieu à son initiative ou pas, elle permettra de mettre au grand jour les pratiques mafieuses d’une corporation qui a fait de l’argent, le curseur de sa déontologie. On vante les mérites d’un ministre dans une page, avant d’insulter le Premier ministre dans une autre, il y a désormais des « bons détournements de fonds publics » pour peu que les déclarations de leurs auteurs permettent de créer un narratif négatif sur des personnalités proches du pouvoir.

Ceci est tout sauf du journalisme au sens de la charte de Munich, il ne sied qu’aux uns et autres de redonner à ce métier ses lettres de noblesse ou de laisser la chienlit se répandre. »

Lire cette tribune originellement publiée sur le site de Médias 241 en cliquant sur ce lien.