Guerre picrocholine au sein de la Linafoot : L’Etat gabonais accusé d’être mauvais payeur

Hervé Patrick Opianga, intime du président Ali Bongo Ondimba, est le président du CF Mounana, club de division 1 gabonaise de football © DR

Cette semaine, le ministre des Sports, Franck Nguema, et le patron du CF Mounana, Hervé Patrick Opiangah, se sont affrontés par médias et réseaux sociaux interposés. En cause, le financement du football professionnel au Gabon. 

Entre les deux hommes, le torchon brûle. Cette semaine, les échanges entre Franck Nguema, le ministre des Sports, et le patron du CF Mounana, Hervé Patrick Opiangah, patron du CF Mounana (mais également député et intime du président Ali Bongo Ondimba), ont été acerbes.

Dans une tribune libre, publiée dans L’Union du 5 février et dont l’encre a été plongée dans l’acide, ce dernier a regretté le hiatus entre les déclarations du ministre et la réalité sur le financement du football professionnel. « Les 40 millions par club de D1 sont prêts ; non, ce ne sont plus 40, mais 38 millions qui vont être virés ; non, en fin de compte, ce sont seulement 20 millions sur les 38 ; ces 20 millions seront virés avant le démarrage du championnat ; puis le championnat démarre, mais aucune trace des 20 millions, alors que Gabon Oil Company assure et prouve avoir mis à disposition du ministère des Sports l’entièreté de la subvention annuelle, depuis quelques mois », a dénoncé Hervé Patrick Opiangah.

Les clubs de D1 ont fini par recevoir un acompte de 20 millions sur les 38 promis par l’État. Pas de quoi satisfaire pour autant le président du CF Mounana. « Les présidents de clubs (…) devraient-ils se taire et laisser faire ? Nous savons très bien, mieux que quiconque, ce que coûte une journée de championnat, donc ce que va coûter l’intégralité de notre championnat (certainement pas 38 millions de FCFA !) ; nous mesurons encore mieux les coûts de l’entretien, pour un club formateur et d’élite, de plusieurs dizaines de pensionnaires en une année et pendant plusieurs années… », a-t-il cinglé mettant ainsi en cause le non-respect de la parole donnée qui rend périlleuse la gestion des clubs.

En janvier dernier, les clubs de football professionnels ont décidé à l’unanimité de reprendre le championnat. Non pas à cause des « menaces » du ministre des Sports, mais « par conviction dans ce qui est leur responsabilité et dans l’engagement qu’ils ont pris de traduire en actes concrets et de longue durée la vision du chef de l’État en faveur de la jeunesse gabonaise », assure le président du CF Mounana.

Face à cette charge publique, le ministre des Sports, Franck Nguema, n’a pas tardé, le jour même, à répliquer. « Ce mercredi 5 février, Hervé-Patrick Opiangha, Président du CF Mounana, a cru bon de publier un ‘droit de réponse’ dans le journal L’Union, suite à l’expression de mon ‘dépit’ face aux « agitations démagogiques des membres du Bureau de l’Association des clubs de football professionnels », a rétorqué le ministre, réputé pour mouiller la maillot. Et de préciser : « Je confirme que Gabon Oil a avancé 50 % de son sponsoring du National Foot, soit 500 millions FCFA. Mais depuis quand l’Etat débloque 100 % de la subvention avant le championnat de National Football ? Le déblocage des fonds aux clubs de football s’est toujours fait en 2 phases », a-t-il fait remarquer, dénonçant au passage une « polémique stérile ».

Linge sale lavé en public

Suite à la publication de ce post, d’autres patrons et contributeurs financiers de clubs parmi lesquels l’ancien ministre Régis Immongault (Lozosports), sont venus abonder dans le sens de Hervé Patrick Opiangah. « Étant l’un des principaux cotisants de Lozosports, je pense qu’il faut faire une distinction entre les montants annoncés et ceux réellement décaissés sur la période », a écrit M. Immongault.

Ce à quoi Franck Nguema a répliqué : « M. le Ministre, à chaque jour suffit sa peine. En fonction depuis le 14 juin 2019 (8 mois), et même s’il y a la continuité de l’Etat, permettez-moi de régler d’abord les problèmes de l’instant présent et de l’avenir immédiat, avant de m’occuper de ceux trouvés»

Au sein du football gabonais, la polémique n’est sans doute pas tout à fait terminée. Nombreux sont ceux toutefois à appeler au retour à la sérénité, ce qui passe sans doute par le fait de ne plus laver son linge sale en public.