Il y avait foule ce mardi 24 avril au siège du MNF-UN à l’ancienne Sobraga, dans le 1er arrondissement de Libreville. Les femmes de l’Union nationale, qui revendiquent plus de 1.000 adhérentes au plan national, s’y sont réunies autour de leur vice-présidente, Paulette Missambo, afin de célébrer en différé la journée nationale de la Femme.
A cette occasion deux sujets ont monopolisé les débats : la loi fixant les quotas des femmes et des jeunes aux élections politiques et aux emplois supérieurs de l’Etat, mais surtout la mesure portant sur la gratuité des accouchements aux femmes gabonaises âgées de plus de 18 ans.
Une mesure annoncée par Ali Bongo Ondimba dans son discours des vœux à la Nation le 31 décembre 2017 et qui vient d’être mis en oeuvre récemment. Bien que populaire auprès des Gabonais, cette mesure ne trouve pas complètement grâce aux yeux de la coordinatrice nationale du MNF-UN, Marie-Agnès Koumba.
Cette dernière s’est en effet insurgée contre le « caractère exclusif » de cette mesure, « réservée à une catégorie de femmes. » « Exclure les filles de moins de 18 ans est contre-productif, car il n’est pas rare de rencontrer des filles enceintes même dans les écoles primaires, donc dès l’âge de 11/12 ans », a tempêté Marie-Agnès Koumba.
Indignation de la communauté médicale
Des propos irresponsables selon ce médecin du CHU d’Owendo. « Prendre en charge les frais d’accouchement pour les filles de moins de 18 ans, ce serait déresponsabiliser les parents et envoyer un très mauvais signal à la société », explique ce praticien confirmé.
Un point de vue partagé par l’un de ses confrères au CHU de Libreville. « Parfois, nous voyons des fillettes enceinte. Ca n’est pas à l’Etat d’en subir les conséquences. Il faut responsabiliser les jeunes mais aussi les parents », rappelle ce médecin qui tire la sonnette d’alarme face à la baisse de l’âge du premier rapport sexuel au Gabon.
Pour cette infirmière qui travaille à la maternité du Centre Hospitalier Régional Amissa Bongo, « c’est un mauvais procès qui est fait à cette mesure. La gratuité des accouchements étaient une revendication de longue date. C’est une avancée majeure pour les femmes de ce pays », affirme-t-elle.
Depuis son entrée en vigueur au Gabon le 22 mars dernier, des centaines de femmes ont pu en bénéficier selon le ministère de la Santé qui souligne le fait que la mesure a permis de réduire de manière significative le nombre d’accouchements à domicile.