Grâce aux efforts de la présidence gabonaise, le Conseil de sécurité de l’ONU adopte à l’unanimité un régime de sanctions contre des gangs en Haïti

Port-au-Prince, la capitale de Haïti, est minée par la violence des gangs © DR

Cela faisait des semaines que le Conseil de sécurité débattait de deux projets de résolutions sur Haïti, aux prises avec une « situation absolument dramatique (…) et cauchemardesque » selon les mots lundi du secrétaire général des Nations unies Antonio Guterres. C’est sous la présidence gabonaise que l’un d’entre eux a finalement abouti cette semaine. 

Un premier texte, préparé par les Etats-Unis et le Mexique, a été voté vendredi 21 octobre à New York à l’unanimité par les 15 membres du Conseil, dont la Chine et la Russie.

La résolution prend pour cible les gangs qui mettent ce pays pauvre des Caraïbes en coupes réglées et « exige une cessation immédiate de la violence, des activités criminelles et des atteintes aux droits humains« .

Le texte prévoit la mise en place d’un régime de sanctions (interdiction de voyage, gel des avoirs, embargo ciblé sur les armes) contre ces bandes armées et leurs meneurs, accusés de « saper la paix, la stabilité et la sécurité d’Haïti et de la région« .

Le seul dirigeant d’une bande criminelle à être mentionné est Jimmy Cherizier, surnommé « Barbecue« , « l’un des chefs de gangs les plus influents, qui dirige une alliance de bandes haïtiennes surnommée ‘la famille G9’ et ses alliés« .

M. Cherizier bloque le terminal pétrolier de Varreux et ses actions « ont directement contribué à la paralysie économique et à la crise humanitaire en Haïti« , selon l’ONU.

Co-auteurs du texte, les Etats-Unis, qui se sont souvent impliqués dans des crises historiques chez leur petit voisin francophone des Caraïbes, se sont félicités de ce « pas important pour aider la population haïtienne à ce moment critique » grâce à un « vote rapide et unanime » du Conseil de sécurité pour « imposer des sanctions« .

Insistance de la présidence gabonaise

« C’est un premier pas important qui vient d’être franchi car le dossier semblait bloquait (…) Ce résultat n’aurait pas été possible sans l’insistance de la présidence gabonaise », a commenté un diplomate américain. Le Gabon est membre non-permanent du Conseil de sécurité de l’ONU pour la période 2022-2023. En ce mois d’octobre, c’est à lui que revient la responsabilité d’en exercer la présidence.

Face à la crise multidimensionnelle – sécuritaire, socio-économique, politique, humanitaire et sanitaire – qui meurtrit Haïti, le Conseil de sécurité avait discuté lundi, dans le cadre d’un second projet de résolution, du possible envoi d’une force armée internationale pour permettre à la population de sortir du « cauchemar« . A ce stade, aucune décision n’a encore été prise.

M. Guterres avait jugé plus tôt « la situation absolument dramatique« , notamment en raison du « port bloqué par les gangs qui ne laissent pas sortir le carburant« . Et sans carburant, il n’y a pas d’eau. Et il y a le choléra », selon le chef de l’ONU.

D’après les derniers chiffres du ministère haïtien de la Santé, il y avait à la date du mercredi 19 octobre 964 cas suspects de choléra dans le pays.