Divisés. Sur les vingt partis qui composent la Coalition pour la nouvelle République dirigée par Jean Ping, la principale plateforme de l’opposition au Gabon, neuf ont annoncé qu’ils n’iront pas aux élections législatives d’avril prochain. Une déclaration a été faite ce jeudi 15 février à Libreville par l’ex-ministre Vincent Moulengui Boukosso depuis la résidence de Jean Ping, absent pour l’occasion.
En refusant de prendre part aux prochaines élections législatives, la coalition de l’opposition entend ne pas légitimer l’élection présidentielle d’août 2016. Un scrutin remporté par l’actuel président Ali Bongo Ondimba mais que l’opposition soupçonne d’avoir été entaché de fraudes. « La lutte pour la conquête des sièges à l’Assemblée nationale est une manière de détourner l’attention du peuple gabonais, et de son président démocratiquement élu [NDLR : Jean Ping] de leur objectif principal, à savoir : le rétablissement de la vérité des urnes et la prise de pouvoir », a déclaré M. Moulengui Boukosso.
Mais, chez les opposants au Président Ali Bongo Ondimba, cette position est loin de faire l’unanimité. Ainsi, Guy Nzouba Ndama a très tôt annoncé la volonté de son parti, Les Démocrates, de participer aux élections législatives d’avril prochain. Casimir Oyé Mba, autre figure de l’opposition, lui a rapidement emboîté le pas. En outre, du côté de Jean Ping, on soupçonne d’autres membres influents de la coalition de l’opposition, à l’instar de Zacharie Myboto et d’Alexandre Barro Chambrier, de vouloir eux aussi prendre part au scrutin.
Ainsi, le noyau dur de l’opposition à Ali Bongo Ondimba, qui avait fait bloc lors de l’élection présidentielle de 2016, s’étiole-t-il peu à peu. « Il faut dire que la coalition d’opposants est placée face à un dilemme. Participer aux élections, c’est légitimer celui qui les organise, à savoir le pouvoir exécutif, qu’elle ne reconnait pas. Ne pays y participer, c’est prendre le risque de disparaître totalement du système institutionnel gabonais pendant plusieurs années et de se cantonner à la rue, qu’elle ne parvient plus à mobiliser, ou aux réseaux sociaux, qui ne reflètent pas la réalité du terrain. Autrement, dit ne pas participer aux législatives, c’est pour l’opposition se condamner à la marginalisation au risque de disparaître », analyse un professeur de sciences politiques d’UOB à Libreville.
Dans ce contexte, la déclaration de Jean Ping, le principal opposant, est très attendue. Ses proches affirment qu’il poursuit ses consultations et qu’il devrait s’exprimer prochainement. « Il prend le temps de la réflexion », nous dit l’un d’entre eux. Et pour cause. Jean Ping, à 75 ans, risque – et il le sait – de jouer sur ce coup son va-tout.