Les élections législatives auront–elles lieu fin avril, comme le prévoit une décision de la Cour constitutionnelle ? A cette question posée lundi 16 avril par l’un de nos confrères de Gabonactu.com, le ministre de l’Intérieur, Lambert Noël Matha a botté en touche. « Allez poser la question au président du CGE », a-t-il rétorqué. Il n’en fallait pas moins pour nourrir les rumeurs et les inquiétudes.
Lors d’une conférence de presse le 20 février dernier, le porte-parole du gouvernement, Alain-Claude Bilie-By-Nze, avait affirmé que l’Exécutif gabonais entendait respecter le délai fixé par la Cour constitutionnelle pour la tenue des élections législatives, soit au plus tard le 28 avril prochain.
Celui qui est également ministre de la culture et de la communication avait tout de même pris la précaution de mentionner la respect de certains préalables à l’organisation de ce scrutin, dont la mise en place du Centre Gabonais des élections (CGE) qui remplace l’ancienne Commission nationale électorale autonome et permanente (CENAP).
Or, le ministre de l’Intérieur l’a rappelé il y a déjà quelques jours, toujours à nos confrères de Gabonactu.com : « c’est le président du CGE qui organisera les élections, c’est à lui de fixer la date exacte du scrutin ». Un rappel à la règle qui lui permet, au passage, de dégager la responsabilité du gouvernement face au risque d’un éventuel report, qui serait coûteux à assumer politiquement car il s’agirait du troisième. Initialement prévues en décembre 2016, les législatives au Gabon avaient été reportées une première fois le 29 juillet 2017, puis une seconde le 28 avril 2018.
« La vraie question désormais n’est plus si les élections législatives auront lieu le 28 avril ou non mais quelle sera l’ampleur du report du scrutin »
« Un nouveau report est très probable, pour ne pas dire inévitable », explique un professeur en science politique de l’Université Omar Bongo. « D’une part, le président du CGE n’a toujours pas été élu. D’autre part, cet organisme aura nécessairement besoin de faire un état de lieu avant de lancer le processus électoral. Enfin, il faudra également réviser les listes électorales, imprimer et distribuer les cartes d’électeurs, convoquer le corps électoral et laisser s’écouler un délai pour le déroulement de la campagne », analyse cet universitaire. Or, on voit mal comment tout cela pourra se faire en dix jours, soit d’ici le 28 avril prochain, conclut-il, en précisant : « la vraie question désormais n’est plus si les élections législatives auront lieu le 28 avril ou non – cela me semble acquis – mais quelle sera l’ampleur du report du scrutin. Ce n’est pas la même chose de repousser l’échéance de quelques jours ou de plusieurs semaines ».
En attendant d’être fixée sur ce point, la classe politique gabonaise, tant du côté de la majorité que de l’opposition, ne se fait plus guère d’illusion. Il y a quelques semaines, l’opposant Guy Nzouba Ndama, leader du parti « Les démocrates », avait publiquement fait part de sa conviction quant à un énième report des élections. L’ancien président de l’Assemblée nationale disait alors tout haut ce que beaucoup désormais pensent tout bas.