Gabon : Un lieutenant de Jean Ping menace les commerçants ouest-africains de Port-Gentil d’un scénario à la sud-africaine

L'opposant Jean Ping et son camp auraient-ils une fois de plus franchi la ligne rouge ? © DR

Le président du Mouvement populaire des radicaux (MPR), Féfé Onanga, a menacé de représailles les commerçants et habitants d’origine ouest-africaine de Port-Gentil qui viendraient accueillir la semaine prochaine le directeur de cabinet du président Ali Bongo Ondimba, Brice Laccruche Alihanga, lors de son séjour dans la capitale économique du Gabon.

Les propos sont graves. D’autant plus graves qu’ils sont proférés dans le contexte particulièrement sensible de chasse aux étrangers en Afrique du Sud.

En voulant dissuader les opérateurs économiques d’origine ouest-africaine, très nombreux à Port-Gentil, de venir accueillir le directeur de cabinet du président Ali Bongo Ondimba, Brice Laccruche Alhianga, dont l’arrivée dans la capitale pétrolière est prévue le 16 septembre prochain, Féfé Onanga, le principal soutien de Jean Ping dans l’Ogooué-Maritime, a sans conteste franchi la ligne rouge.

« Si et seulement si un étranger se hasarde à se mêler de cette histoire, nous verrons ce que nous ferons après cela », a prévenu Féfé Onanga. Des menaces à peine voilées qui ont provoqué l’indignation au sein de la communauté ouest-africaine.

« Il s’agit clairement de menace, d’une tentative d’intimidation », proteste Ousmane, commerçant sénégalais installé depuis une quinzaine d’années à Port-Gentil. « Ce monsieur (Féfé Onanga) vise spécifiquement la communauté ouest-africaine. C’est du racisme. Avec ce qui se passe actuellement en Afrique du Sud, c’est irresponsable », déplore de son côté Amadou, un Malien qui tient un petit commerce dans la capitale pétrolière gabonaise.

Xénophobie, racisme et tribalisme

A l’accusation de xénophobie et de racisme s’en ajoute une autre : celle de tribalisme. « Si Noël Mboumba et Anicet Mboumbou Miyakou (respectivement ministre du Pétrole et ministre de l’Intérieur et de la Justice, NDLR) se disputent le leadership, ils doivent aller le faire dans la Nyanga (leur province d’origine, NDLR). L’Ogooué-Maritime a ses enfants, qui sont dans le PDG. À eux de s’en occuper », a également déclaré Féfé Onanga.

Des propos qui ont aussitôt suscité un tollé sur les réseaux sociaux. « Au Gabon, il y a que des Gabonais. Un ministre est ministre de tout le Gabon est pas d’une province en particulier (…) De tels propos sont intolérables », s’étrangle Marc sur Facebook, pourtant partisan déclaré de l’opposition. Un point de vue largement partagé chez les Twittos gabonais.

Ça n’est pas la première fois que le camp de Jean Ping est accusé d’agiter le chiffon rouge du racisme et de la xénophobie. En perte de vitesse sur le plan politique, il est contraint de radicaliser son discours pour tenter de conserver son leadership au sein de l’opposition. En août dernier, il avait nié l’origine gabonaise du directeur de cabinet d’Ali Bongo, Brice Laccruche, au seul motif que ce dernier est métis (lire notre article). Des propos d’autant moins compréhensibles que Jean Ping est, pour partie, d’origine chinoise.