Gabon : Sur le reculoir, Alexandre Barro Chambrier esquisse un rapprochement avec Jean Ping pour « ne pas sombrer »

Tous deux mal en point, Alexandre Barro Chambrier (au centre) et Jean Ping (à droite) tentent de renforcer leur alliance pour ne pas se laisser déborder (archives) © DR

C’est ce qui ressort de la réunion du conseil exécutif du RPM (ex-RHM, opposition) qui s’est tenue à Libreville cette semaine. 

« Ça n’est pas l’alliance de la carpe et du lapin, mais celle de deux canards boiteux, particulièrement mal en point », raille l’un des lieutenants de Guy-Nzouba-Ndama, le président des Démocrates, le principal parti d’opposition.

Ce jeudi 12 décembre, à l’occasion de son conseil exécutif, sa réunion hebdomadaire, le Rassemblement pour la Patrie et la Modernité (RPM) a fait un pas vers la Coalition pour la Nouvelle République (RPM). « Le Conseil Exécutif se félicite de la participation du RPM, membre de la CNR, à la déclaration du Président Jean Ping faite, le mardi 10 décembre 2019, dans laquelle il dénonce la confiscation du pouvoir par Ali Bongo et ses affidés (…) » et « salue la constance du Président Jean Ping dans sa revendication pour la restitution de la victoire qui lui a été dérobée en août 2016 », indique le communiqué final de cette réunion.

Certes, le RPM (ex-RHM) avait soutenu Jean Ping lors de la présidentielle de 2016. Certes, depuis lors, ce parti s’était maintenu dans la coalition. Mais ces deux dernières années, de notoriété publique, les relations entre Alexandre Barro Chambrier et Jean Ping s’étaient peu à peu dégradées au point de devenir exécrables.

Le président du RPM reprochait à Jean Ping sa stratégie (celle consistant à continuer de revendiquer la victoire lors de la présidentielle de 2016) qu’il considérait comme une impasse. L’ex-candidat unique de l’opposition faisait grief à Barro Chambrier de jouer trop ouvertement sa carte personnelle. En outre, les deux hommes ont fortement divergé sur la stratégie à suivre lors des élections générales d’octobre 2018. Alors que Ping prônait le boycott, Barro Chambrier optait lui pour une franche participation.

Mais voilà, ces élections furent un échec pour le RPM. Même Alexandre Barro Chambrier a échoué à se faire élire au second tour lors des législatives, battu à plate couture dans le quatrième arrondissement de Libreville par un jeune candidat du parti au pouvoir, Séverin Pierre Ndong Ekomi, dont s’était la première candidature.

Guy Nzouba-Ndama, le moins mal placé des candidats de l’opposition dans l’optique de 2023

Englué depuis dans de multiples problèmes, financiers notamment, l’ex-ministre du Pétrole, des Mines, puis de l’Habitat du temps durant le premier mandat présidentiel d’Ali Bongo Ondimba du temps où il était encore un baron du Parti démocratique gabonais, n’a eu d’autre choix que de trouver des alliés pour ne pas sombrer.

Dans la perspective de la prochaine élection présidentielle, prévue en 2023, il a donc choisi de s’allier à Jean Ping. Est-ce le bon choix ? Rien n’est moins sûr. Durant les années à venir, Ping devra ferrailler dur pour ne pas perdre son leadership au sein de l’opposition. Aujourd’hui, Guy Nzouba-Ndama, le président des Démocrates, le premier groupe d’opposition à l’Assemblée nationale, semble mieux placé que lui pour être le candidat de son camp face à celui du pouvoir. D’autant qu’en 2023, Jean Ping aura 81 ans. La branche à laquelle Alexandre Barro Chambrier semble vouloir se raccrocher pourrait bien s’avérer être une branche pourrie.