Gabon : Sous la pression des médias, le ministre de la Communication débloque le paiement de la redevance audiovisuelle

Le ministre de la Communication, Anicet Mboumbou Miyakou, lors du conseil des ministres le 7 novembre 2019 © DR

Suite à une série d’articles parus ces derniers jours dans les médias, Anicet Mboumbou Miyakou a enfin autorisé le paiement cette semaine de la dernière tranche de la redevance audiovisuelle et cinématographique (RAC). Le dernier était intervenu en août 2019.

Cette semaine, le ministre de la Communication, Anicet Mboumbou Miyakou, a enfin autorisé le déblocage des fonds nécessaires au paiement de la dernière tranche de la RAC, soit la bagatelle de 600 millions de francs CFA.

Une décision prise suite à la publication ces derniers jours d’une série d’articles dans les médias gabonais, laissant ainsi penser que diligence a été faite afin d’éviter tout scandale médiatique.

Reste que de tels délais sont incompréhensibles aux yeux des professionnels des médias. Il s’agit pour eux d’un dysfonctionnement majeur. « Comment gérer une entreprise avec de tels décalages de trésorerie », s’insurge ce responsable d’un grand média public gabonais.

En effet, depuis son entrée en vigueur en 2017, la RAC fait l’objet d’incompréhensibles décalage entre le moment où elle est recouvrée et celui où elle est reversée aux professionnels des médias.

Un agacement partagé par les partenaires sociaux. « Depuis que les usagers paient la redevance audiovisuelle, les professionnels de la communication ne comprennent pas pourquoi l’argent récolté ne sert pas à payer véritablement la production audiovisuelle au Gabon, ni à améliorer les conditions de vie et de travail des communicateurs », dit, indigné, le président du Syprocom.

En juillet 2019 déjà, la commission communication de l’Assemblée nationale s’était publiquement émue du fait que le compte de la redevance audiovisuelle et cinématographique qui reçoit mensuellement plus de 135 millions n’était créditeur que de… 702 000 petits francs CFA.

Pour rappel, la redevance audiovisuelle et cinématographique est incluse dans la loi du 9 août 2016 portant Code de la Communication en République Gabonaise. Elle est entrée en vigueur le 1er janvier 2018. Le ministre de la Communication d’alors, Alain Claude Bilie-By-Nze, avait justifié la création de cette nouvelle taxe, acquittée par les opérateurs privés comme Canal+, Satcon et TNT, par la nécessité de doter le secteur audiovisuel public (le groupe Gabon Television, Radio Gabon et l’Institut gabonais de l’image et du son) de ressources additionnelles, hors subvention d’Etat.

L’argent est-il bien collecté dans les délais ? Pourquoi un tel décalage entre son recouvrement et son reversement ? Une partie n’est-il pas diverti des caisses de l’Etat ? Aujourd’hui, beaucoup de questions se posent. Les acteurs du secteur attendent, eux, que toute la lumière soit faite dans une affaire qui éprouve les principes de transparence et de bonne gestion de la chose publique.