Au Gabon, le Sénat assurera la continuité du pouvoir législatif jusqu’à l’élection des députés

Au Gabon, c'est le Sénat, présidé par Lucie Milebou Aubusson, qui assurera l'essentiel des prérogatives de l'Assemblée nationale jusqu'aux prochaines élections législatives. Source : DCP

A l’occasion d’un discours prononcé mardi 1er mai, Lucie Milebou Aubusson, la présidente du Sénat, a pris acte de la décision de la Cour constitutionnelle gabonaise de suspendre temporairement l’Assemblée nationale et d’en transférer l’essentiel des prérogatives à la deuxième chambre. Une option qui permet d’assurer la continuité de l’exercice du pouvoir législatif au Gabon. 

C’est à l’occasion de la commémoration de la fête du travail, mardi 1er mai au Palais Omar Bongo Ondimba, que la présidente du Sénat a choisi de s’exprimer. Une première depuis l’annonce des décisions de la Cour Constitutionnelle, lundi 30 avril, de démettre le gouvernement et de suspendre l’Assemblée nationale dont les pouvoirs ont été à titre temporaire transférés en grande partie au Sénat. Ce dernier ne pourra toutefois pas engager de reformes importantes, à l’instar de la révision de la Constitution, ni assurer le contrôle de l’action gouvernemental, une attribution dévolue par la Cour durant cette période transitoire au président de la République.

Après avoir pris acte des décisions prises par la juridiction constitutionnelle, la présidente de la deuxième chambre a mis à profit ce moment pour se livrer à un plaidoyer pro domo et défendre son institution. « Le Sénat a été souvent diffamé, vilipendé par rapport à l’opportunité de son existence même. Mais nous n’avons pas baissé les bras, nous avons inlassablement poursuivi le plaidoyer pour le maintien du bicamérisme dans une démocratie apaisée », a indiqué Lucie Milebou Aubusson, épouse Mboussou.

Le Sénat palliera la suspension temporaire de l’Assemblée nationale et assurera pour un temps la continuité du travail législatif

La présidente du Sénat a également salué, dans son discours, les efforts du Chef de l’Etat et de la présidente de la Cour constitutionnelle en vue de garantir le bon fonctionnement du système institutionnel parlementaire au Gabon. « Aujourd’hui, l’Histoire a donné raison au président de la République […] Ali Bongo Ondimba et au président de la Cour Constitutionnelle, […] Marie Madeleine Mborantsuo, garants de nos institutions et des pouvoirs publics, qui ont maintenu et défendu ce système institutionnel parlementaire », a déclaré la présidente du Sénat…

… dans une joie non dissimulée. Il est vrai que le Sénat a souvent été vertement critiqué depuis sa création en 1997. Il est mise en cause tantôt pour son « inutilité », réelle ou supposée, tantôt pour son côté « budgétivore », certains l’accusant même de n’être qu’un « bouffe cadeau » servant à recaser certaines personnalités. Mais le fait est que plus de vingt ans après sa création, la deuxième chambre fait toujours partie du paysage institutionnel gabonais, même s’il a subi une réforme récente qui a divisé par plus de deux ses effectifs.

En effet, à l’issue du dialogue politique national inclusif d’Angondjé (mars à mai 2017), le Sénat est passé de 102 à 52 membres (élus au suffrage universel indirect par les Conseillers municipaux et départementaux) alors que dans le même temps, l’Assemblée nationale passait, elle, de 120 à 144 membres. Certains ont alors cru y voir un premier pas vers sa suppression. Un an après, nombreux sont sans doute ceux à être soulagés de voir que le Sénat existe encore, ne serait-ce que pour pallier la suspension temporaire de l’Assemblée nationale et assurer ainsi pour un temps la continuité du travail législatif.