Gabon : Sanctionné pour avoir traité les avocats fangs de voleurs, Me Moumbembe porte plainte contre l’un de ses confrères pour diffusion publique d’un audio à caractère privé

Me Jean Paul Moumbembe actuellement dans de très mauvais draps © DR

Suspendu d’exercice de sa profession durant six mois par le Conseil de l’Ordre des avocats suite à des propos anti-républicains et discriminatoires tenus sur un enregistrement audio, Me Jean Paul Moumbembe a porté plainte contre Me Serge Gabon Ndong Meviane. Il l’accuse d’avoir diffusé sur un forum public sur WhatsApp un enregistrement audio à caractère privé.

Le vaudeville au Barreau de Libreville continue.

Après avoir été sévèrement sanctionné il y a quelques jours par le Conseil de l’Ordre des avocats suite à ses propos – intolérables – à l’encontre des avocats fangs qu’il a qualifié de « voleurs », Me Jean Paul Moumbembe tente de contre-attaquer.

Tout d’abord sur le plan médiatique en faisant paraître une sorte de « droit de réponse » sur le site internet pro-opposition Gabon review. Dans un plaidoyer pro domo surprenant, il tente de se dédouaner de la polémique qu’il a lui-même créée en niant purement et simplement avoir tenu de tels propos au sujet des avocats fangs.

« Je dis et je le répète. Jamais, jamais, je n’ai dit que les avocats fangs sont des voleurs. Il suffit d’écouter, de réécouter et vous constaterez que j’ai plutôt dit que nous les avocats, nous sommes des voleurs. Et j’ai dit que même moi-même, je suis un voleur. C’est pourquoi les clients se plaignent de nous », assure-t-il dans son droit de réponse.

Ensuite, et surtout, c’est sur le plan judiciaire que Me Moumbembe entend répliquer. En attaquant son confrère, Me Serge Gabon Ndong Meviane, qui se serait montré coupable, à l’en croire, de diffusion d’un enregistrement audio à caractère privé sur un forum public. « Mon jeune confrère Ndong Meviane Serge Gaston, lorsqu’il prend l’audio à caractère privé, amène cela dans le groupe whatsapp, dans le public des avocats, il déplace mon audio. Il amène ça dans ce groupe qui est privé, c’est vrai, mais beaucoup plus public. C’est bien de le faire, mais il n’a pas le droit de le faire », a-t-il indiqué dans un phrasé alambiqué.

L’on peut toutefois douter de l’efficacité du système de défense adopté par celui qu’il y a peu encore était considéré comme la star du Barreau de Libreville.

D’une part, sur le plan médiatique, nier l’évidence (l’audio est là pour prouver que Me Moumbembe a bien qualifié les avocats fangs de voleurs) est rarement pertinent. Tout comme le fait de s’auto-dénigrer qui apparait comme une tentative désespérée. D’autre part, sur le plan judiciaire, plutôt que d’attaquer son confrère, Me Moumbembe, s’il avait été sûr de son fait, aurait-il dû attaquer la décision du Conseil de l’Ordre. En l’espèce, il donne plutôt l’impression que le message étant inattaquable (Me Moumbembe a bien tenu les propos qu’il nie avoir tenu), il ne lui reste plus qu’à attaquer le messager (Me Ndong Meviane qui a porté l’audio sur la place publique).

« Cordonnier, plus mal chaussé », dit-on. L’aphorisme sied à merveille à Me Moumbembe. A l’évidence, « l’avocat des causes perdues », comme on le surnomme, n’est guère convaincant dès lors qu’il s’agit d’assurer sa propre défense.