Gabon : René Ndemezo’o Obiang lâche Jean Ping et « abandonne la soi-disant résistance au bord de la piscine des Charbonnages »

René Ndemezo’o Obiang (à gauche) fut en 2016 le directeur de campagne de Jean Ping. Aujourd'hui, la brouille entre les deux hommes est consommée @ DR

L’opposant gabonais, président de Démocratie Nouvelle, a très durement critiqué hier le leader de la Coalition pour la Nouvelle République, dont il fut le directeur de campagne lors de la présidentielle de 2016.  Ndemezo’o Obiang accuse Ping de mener l’opposition gabonaise dans une impasse. 

Sale temps pour Jean Ping. L’opposant, qui est quitté un à un par ses soutiens de 2016, a été lâché hier par celui qui fut son directeur de campagne lors de la dernière élection présidentielle, René Ndemezo’o Obiang.

Saisissant l’occasion de la rentrée politique de son parti au cours de laquelle ont été organisées des journées de réflexion, du 27 au 28 avril, le Premier secrétaire de DN, qui est aussi l’actuel président du Conseil économique, social et environnemental (CESE), s’est expliqué sur les raisons l’ayant conduit à « abandonner la soi-disant résistance au bord de la piscine des Charbonnages ».

La première tient au respect des institutions. « Selon les dispositions de la Constitution de la République gabonaise, les décisions de la Cour constitutionnelle, juge suprême des élections, sont non susceptibles de recours. Notre parti ne pouvait donc que prendre acte de la décision rendue par la haute juridiction et s’y conformer », s’est justifié René Ndemezo’o Obiang, rappelant au passage qu’il avait rejeté les premiers résultats de la présidentielle de 2016 donnant Ali Bongo Ondimba vainqueur.

« Chacun sait ou devrait savoir qu’après l’annonce par le ministre de l’Intérieur des résultats provisoires de l’élection présidentielle, le président de Démocratie nouvelle, au moment où beaucoup de bavards d’aujourd’hui sont restés cloîtrés au QG de campagne, a pris la tête de l’importante marche de protestation organisée le 31 août 2016 par l’opposition. De nombreux militants et sympathisants de notre parti figurent parmi les victimes tragiques d’août 2016», a-t-il rappelé.

Le QG de Jean Ping qualifié de « champ des lamentations et de pleurnicheries sans fin »

La seconde raison qui a poussé René Ndemezo’o Obiang à lâcher Jean Ping tient au fait qu’il n’a simplement plus confiance dans la capacité de ce dernier à accéder un jour à la magistrature suprême.

« L’expérience de ces dernières années montre que les réactions brouillonnes et désordonnées, certes émotionnellement compréhensibles, suite aux décisions rendues par la haute juridiction constitutionnelle n’ont jamais prospéré. Elles sont restées lettres mortes », constate le leader de DN. D’ailleurs, fait-il remarquer, tous ceux qui se sont auto-proclamés président ont fini par lasser l’opinion et se décrédibiliser. Jean Ping n’échappe pas, selon lui, à la règle.

« Nous remémorant ces faits historiques, après la proclamation par la Cour constitutionnelle des résultats définitifs de l’élection présidentielle du 27 août 2016, nous aurions commis une faute politique impardonnable si nous avions emprunté la même voie conduisant aux mêmes errements, à la même impasse qu’en 1993, 1998 et 2009 », a-t-il déclaré.

René Ndemezo’o Obiang a donc eu des mots très durs à l’égard de Jean Ping dont il a qualifié le QG de campagne, ainsi que sa résidence à Libreville de « champ des lamentations et de pleurnicheries sans fin ». Lâché de toute part, par Guy Nzouba Ndama, Alexandre Barro Chambrier, Zacharie Myboto et sans doute demain par Jean Eyeghé Ndong, le leader de la CNR, plus que jamais isolé, n’incarne manifestement plus l’avenir de l’opposition au Gabon.