Gabon : En prenant à nouveau la parole aujourd’hui, Jean Ping accusé de vouloir récupérer la protestation des élèves pour rebondir politiquement

L'opposant Jean Ping le 23 mars 2019 @ DR

En perte de vitesse, l’opposition gabonaise, largement inaudible, tente de tirer profit des manifestations d’élèves contre la modification du système des bourses pour rebondir. C’est notamment le cas de Jean Ping qui doit prendre la parole aujourd’hui, selon sa cellule de communication, dix jours à peine après sa dernière déclaration publique. 

Le leader de la Coalition pour la Nouvelle République (CNR) fera une nouvelle déclaration ce mercredi, dix jours seulement après celle faite le 30 mars dernier et passée quasiment inaperçue.

Selon certains membres de sa cellule de communication, Jean Ping devrait évoquer les manifestations des élèves qui ont eu lieu lundi et mardi dans différentes villes du Gabon. Des manifestations présentées comme spontanées mais en réalité largement suscitées et organisées par les syndicats d’enseignants, en particulier le Syndicat de l’Education nationale (Sena), afin de pousser leurs propres revendications.

Mais Jean Ping n’a pas attendu ce mercredi pour tenter de récupérer, selon ses détracteurs, ces marches d’élèves. Dès lundi, il s’est fendu d’un message, certes faiblement relayé mais sans équivoque, sur sa page Facebook. « Je suis avec attention le cri de détresse des enfants de la Nation face à la situation plus critique que jamais de l’école de la République. Nous avons le devoir de les soutenir, de les porter, de les protéger, a-t-il écrit.

Des propos vertement critiqués par la majorité. « Comme d’habitude avec Jean Ping, on a de belles paroles mais aucune proposition concrète. Que propose-t-il pour améliorer le système des bourses ? Et d’une manière générale le secteur de l’éducation ? Rien, strictement rien ! Il se contente de faire de la politique politicienne », tacle un cadre du PDG, le parti au pouvoir.

« Comme une personne qui se noierait et tenterait de se raccrocher à n’importe quelle branche »

Pour ce professeur en science politique de l’Université Omar Bongo de Libreville, il s’agit pour le leader de la CNR, en mauvaise posture, de rebondir. « Jean Ping est dans une passe difficile. Il fait face à la montée en puissance d’autres figures de l’opposition, comme Guy Nzouba Ndama ou Alexandre Barro Chambrier, qui lui contesteront son leadership à l’occasion de l’élection présidentielle de 2023 », explique ce politologue.

« Mais il est actuellement trop esseulé politiquement », poursuit-il. « Il est donc à la recherche d’appui pour rebondir. De ce point de vue, les marches d’élèves, organisées en réalité par les syndicats d’enseignants, est pour lui du pain béni », ajoute l’universitaire. « C’est comme une personne qui se noierait et tenterait de se raccrocher à n’importe quelle branche sur son parcours. Mais il n’est pas sûr, compte tenu de sa faiblesse actuelle, que Jean Ping puisse réellement en profiter », conclut le politologue.