Gabon : Pourquoi Me Anges Kevin Nzigou lâche la maman du petit Rinaldi

Le controversé avocat gabonais Me Anges Kevin Nzigou © DR

Officiellement, c’est en raison de désaccords entre les membres de la famille du garçonnet de trois ans dont la disparition, le 12 janvier dernier dans un village situé à une dizaine de kilomètres de Bitam, avait ému tout le pays. Mais en réalité, le véritable motif serait un différend d’ordre financier avec sa cliente, la mère du petit disparu. Celle-ci, d’origine très modeste, n’ayant pu faire droit aux prétentions financières jugées excessives de celui qui se fait l’avocat de toutes les causes médiatiques, ce dernier aurait saisi le premier prétexte venu pour se retirer. 

C’est au moment où elle aurait le plus besoin de son soutien qu’il la lâche. Samedi 22 février, Me Anges Kevin Nzigou a fait savoir qu’il ne souhaité plus assurer la défense de la mère du petit Rinaldi alors même que c’est lui qu’il l’avait sollicitée le mois dernier pour assurer sa défense.

« Alors que madame le ministre consentait à recevoir la maman du jeune Rinaldi accompagnée de sa famille le vendredi 21 février 2020 à 14 h, j’ai été surpris de la décision prise par sa famille de ne pas associer la mère à cette rencontre. En estimant qu’il n’existe pas plusieurs mandataires dans une stratégie judiciaire et le climat familial ne permettant pas d’exercer mon activité  avec sérieux et crédibilité je ne pourrais plus  dans ces conditions assurer la défense de mademoiselle Mete et son fils Rinaldi », a déclaré Me Nzigou.

Une explication jugée spécieuse dans le milieu judiciaire au Gabon. Un tel épisode n’aurait-il pas dû, à l’inverse, renforcer la détermination de l’avocat à défendre sa cliente ? Beaucoup le pensent en tout cas.

Mais pour ceux qui le connaissent, cette décision est nullement surprenante. Me Anges Kevin Nzigou a sans doute été froissé de ne pas être convié au rendez-vous avec la ministre de la Justice, Erlyne Antoinella Ndembet-Damas, d’autant que c’est lui qu’il l’a sollicité. « Il a beaucoup d’ego. Du coup, il a dû en prendre ombrage », commente un de ses confrères.

Mais ce paramètre, s’il a pu joué, n’a peut-être pas été aussi déterminant. En effet, d’autres sources, plus nombreuses et manifestement bien informées, évoquent, elles, plutôt un différend financier. La mère du petit Rinaldi, une personne très modeste, n’ayant pu faire droit aux prétentions jugées excessives de l’avocat, celui-ci aurait utilisé le premier prétexte venu pour se retirer d’un dossier qu’il juge encalminé et moins lucratif que ceux des mis en cause dans le cadre de l’opération Scorpion pour lesquels il a déjà fort à faire.

Un différend financier avec sa cliente à l’origine de cette décision

Me Anges Kevin Nzigou, considéré comme l’étoile montante dans le milieu des avocats au Gabon, jouit d’une réputation très mitigée. Adulé par les uns, il est souvent brocardé par les autres en raison de ses déclarations à l’emporte-pièce, de son rapport jugé distant avec la réalité, mais aussi de sa propension à se mettre en avant et à épouser toutes les causes pour peu qu’elles soient médiatiques. Récemment, alors qu’il n’avait cessé de le critiquer lorsqu’il était directeur de cabinet de la présidence, Me Anges Kevin Nzigou, qui est aussi l’un des responsables du PLD, un parti d’opposition, avait fait des pieds et des mains pour assurer la défense de Brice Laccruche Alihanga (mais aussi de son frère Grégory ou encore de Patrichi Christian Tanasa, l’ex-ADG de la GOC) dans le cadre de la très médiatique opération anti-corruption Scorpion.

Mais l’avocat est également souvent pointé du doigt par ses proches en raison de sa faculté à tirer à lui la couverture. Un trait de caractère qui à l’heur de déplaire à certains au sein du collectif Appel à agir, dont il est membre, en particulier à Jean Gaspard Ntoutoume Ayi qui l’avait, sous couvert d’anonymat, vertement critiqué en décembre dernier dans l’hebdomadaire Jeune Afrique.