Gabon : Pourquoi l’opposant Alexandre Barro Chambrier veut prendre la tête de la fronde contre la dépénalisation de l’homosexualité au Gabon

L'opposant Alexandre Barro Chambrier compte prendre la tête du front du refus de la dépénalisation de l'homosexualité au Gabon © DR

L’opposant, président du Rassemblement pour la patrie et la modernité (RPM), ne cache pas en privé son opposition à la volonté du premier ministre Julien Nkoghe Bekalé de dépénaliser l’homosexualité. 

Il est vent debout. Près à partir en croisade. Alexandre Barro Chambrier est opposé à toute dépénalisation de l’homosexualité au Gabon et il le fait savoir. A ses proches avec lesquels il a eu ces derniers jours une « franche conversation ».

Si pour l’heure, le président du RPM ne s’est pas directement exprimé sur le sujet, il invite ses troupes à se manifester.

Les effets ne se sont pas fait attendre. Dans un court post publié hier, dimanche 21 juin, sur sa page Facebook sous le titre « Pourquoi dépénaliser l’homosexualité au Gabon !? », l’un des quatre députés de son parti, Edgard Owono Ndong, a indiqué que « sur proposition du gouvernement, l’Assemblée nationale s’apprête à voter le retrait de l’alinéa 5 de la loi 042/2018 relative à l’homosexualité ».

« Je reste convaincu qu’il faut un débat national sur ce sujet », a réagi l’élu du canton d’Elelem dans le département du Woleu Edgard Owono Ndong, notoirement opposé comme les autres députés de son groupe à toute dépénalisation de l’homosexualité.

Pour Alexandre Barro Chambrier, un ex-ministre d’Ali Bongo Ondimba et ex-baron du PDG, il s’agit d’un « combat de civilisation et de conviction ». Et peu importe si cela écorne son image d’opposant « progressiste » à l’international. « Il sait que les journalistes occidentaux, qui sont bienveillants à son égard, ont un penchant romantique pour les opposants qui luttent contre le pouvoir en place par nature oppresseur. Mais là, c’est un cailloux dans la chaussure car la quasi-totalité d’entre eux sont favorables à la dépénalisation de l’homosexualité », explique un journaliste de la place qui s’entretient régulièrement avec lui.

Mais ce choix n’est pas totalement dénué d’arrières-pensées électoralistes. « En prenant le premier de telles positions sur un sujet qui rencontre un certain écho dans l’opinion, M.  Barro Chambrier entend se positionner dans la perspective de l’élection présidentielle de 2023 en prenant de l’avance sur ses concurrents de l’opposition comme Jean Ping qui aura alors 81 ans »,

Selon certaines sources, le président du RPM tenterait de fédérer autour de son combat les autres partis d’opposition représentés à l’Assemblée nationale. L’Union nationale de Zacharie Myboto, qui ne compte qu’un seul député, mais également si possible et même si cela s’annonce plus difficile, Les Démocrates de Guy Nzouba-Ndama. Afin de faire grossir le front du refus, Barro Chambrier envisagerait également de solliciter les indépendants qui sont une dizaine à siéger au sein de la première chambre.