Gabon : Pourquoi le mouvement des casseroles s’est-il (aussi rapidement) dégonflé

Clap de fin au Gabon pour le mouvement des casseroles, initialement parti d'Amérique latine © DR

La semaine dernière, comme dans beaucoup de pays ailleurs dans le monde, de nombreux Gabonais ont, durant plusieurs jours, à 20 heures, tambouriné sur des casseroles. Leur objectif : faire du bruit afin de protester contre les mesures anti-Covid mis en place par le gouvernement. Depuis, le mouvement a fait long feu. Hier, les Gabonais ne se sont que très faiblement mobilisés. Pourquoi le mouvement, qui semblait bien parti, s’est-il aussi rapidement dégonflé. Explications.

1ère raison : l’effet de mode a vécu

Le « mouvement des casseroles » n’est en rien spécifique au Gabon. Parti d’Amérique latine, il a fini par faire le tour du monde et toucher à son tour le pays. Mais comme partout ailleurs, après quelques jours, l’enthousiasme s’est émoussé. Passé l’effet de mode, l’attrait de la nouveauté, l’engouement n’est plus le même.

2ème raison : les tentatives de récupération politique

Le « mouvement des casseroles » est, à l’origine apolitique. Mais au Gabon, la frange de l’opposition la plus radicale a d’emblée tenté de le récupérer à son profit, le présentant de manière globale comme un mouvement de contestation globale contre le pouvoir. Que ce soit Jean Ping, Alexandre Barro Chambrier, Raymond Ndong Sima, chacun a tenté d’en profiter. Sans compter les activistes (Marc Ona Essangui, Laurence Ndong) ou certains médias (Gabon Review) qui y ont projeté leurs fantasmes de « Grand soir ». Ces velléités ont fini par dégouter nombre de Gabonais qui, rapidement, ont cessé de se mobiliser.

3ème raison : les débordements d’une minorité d’ « excités »

Certains jeunes, sous l’effet de l’excitation provoquée par le mouvement des casseroles, n’ont pas hésité à braver le couvre-feu, à dresser des barricades sur la voie publique et à s’en prendre aux forces de l’ordre en leur lançant des projectiles. Ce qui a conduit à des drames. Deux jeunes sont décédés, dans des circonstances non encore élucidées, dans la nuit de jeudi à vendredi soir dernier. De nombreux éléments des forces de l’ordre ont été blessés. Des violences et un désordre provoqués par une minorité mais qui ont fini par rebuter la majorité des Gabonais.

4ème raison : la perspective prochaine donnée par le premier ministre d’une levée des mesures barrières

C’est sans conteste la principale raison du dégonflement rapide du « mouvement des casseroles » au Gabon. Vendredi dernier, lors d’une allocution radio-télévisée, Rose Christiane Ossouka Raponda a indiqué que dès que le pays repasserait sous la barre des 50 contaminations journalières au Covid-19, les mesures restrictives seraient progressivement mais rapidement levées. Selon les autorités sanitaires, ce pourrait être le cas dès la mi-mars prochain, soit dans quelques semaines à peine. A cela s’ajoute l’accélération sur le front de la vaccination avec l’enregistrement du vaccin russe et la réception très bientôt de doses en provenance de la Chine. Ce qui augure à terme d’une levée définitive des mesures barrières et d’un retour à la vie normale.