Gabon : Pourquoi Ali Bongo Ondimba impose la gratuité des actes de naissance

Tous les enfants au Gabon disposeront désormais gratuitement d'un acte de naissance © DR

Cette mesure, imposée d’autorité par le chef de l’Etat au gouvernement à l’occasion du conseil des ministres ce mercredi 12 juillet, permettra, selon les experts, de mettre un terme définitif au phénomène des enfants « fantômes » ou « invisibles » qui ne disposent pas d’actes de naissance.  

« Les actes de naissance seront désormais gratuits au Gabon. C’est ce que j’ai exigé du Gouvernement ce mercredi », a indiqué sur les réseaux sociaux Ali Bongo Ondimba. « Les parents n’auront rien à payer. »

« Dès sa naissance, chaque Gabonais(e) à droit à la reconnaissance et à la dignité », a avancé le numéro un gabonais pour justifier sa décision.

Une décision, semble-t-il, a effet immédiate. « A compter de ce jour, plus aucun enfant ne doit naître au Gabon sans acte de naissance », a martelé le président, ajoutant que « ceux qui n’en disposent pas encore devront voir rapidement leur situation régularisée. » Les enfants à naître ne sont donc pas les seuls concernés. Ceux déjà nés et qui ne disposent pas d’actes de naissance ne sont pas laissés de côté.

Quelques heures plus tôt, à l’entame du Conseil des ministres, le président s’est adressé au gouvernement en ces termes : « Un acte de naissance, ce n’est pas seulement un papier, quelque chose de symbolique. C’est aussi, et surtout, un document officiel. Un document qui permet aux enfants d’être scolarisés, de bénéficier de l’ensemble des droits rattachés à la citoyenneté », rapporte un des collaborateurs du président.

« Sans ce document, pas d’école, pas de travail digne, pas d’insertion dans la société. Pas d’avenir pour ces enfants qui sont aussi les nôtres », a ajouté le président.

Il y a quelques années, une campagne d’identification des personnes sans acte de naissance avait été lancée dans le cadre du programme conjoint de « citoyenneté et protection sociale » par le ministère des Affaires sociales et l’Unicef. De nombreux enfants s’étaient fait enrôler. Mais l’initiative ne semble pas avoir été suivie d’effets.

Une question d’argent dans 95 % des cas

Selon une enquête officielle, en 2018 au Gabon, environ 7 400 enfants n’étaient pas titulaires d’un acte de naissance. Un phénomène qui s’explique parfois par la négligence des parents. Mais, comme l’explique un fonctionnaire du ministère des Affaires sociales, « dans 95 % des cas, il s’agit d’une question d’argent, les parents ne voulant ou ne pouvant tout simplement pas payer. »

D’où, selon lui comme selon d’autres spécialistes du sujet, la pertinence de la mesure de gratuité des actes de naissance qui devrait régler une bonne fois pour toute le problème.