Gabon : Pour Paulette Missambo, « Paul-Marie Gondjout est l’homme du passé »

Paulette Missambo, future présidente de l'UN ? © DR

Paulette Missambo a réagi à un post publié mardi 31 août sur Facebook par son rival dans la course à la succession de Zacharie Myboto à la tête de l’Union nationale (UN, opposition), Paul-Marie Gondjout. Cinq ans après, ce dernier appelle à l’ouverture d’une enquête pour déterminer les responsabilités dans la séquence des violences postélectorales. Un réveil tardif qui n’est pas dénué d’opportunisme et qui n’a pas manqué de se retourner contre lui.

Mieux vaut tard que jamais, dit le dicton. Hélas, cela ne se vérifie pas toujours. Paul-Marie Gondjout l’a appris à ses dépens.

Sur sa page Facebook, le candidat à la présidence de l’Union nationale (UN) évoque, de manière très subjective et en versant dans une forme de pathos, son souvenir de septembre 2016. « Ce jour-là, 2 septembre 2016, après avoir passé 2 jours au QG de Jean Ping, assis et couchés dehors sous surveillance militaire, attendant d’être enfin relâchés, nous recevions la visite de Abdoulaye Bathily représentant spécial du secrétaire général de l’ONU pour l’Afrique centrale (UNOCA) » écrit-il.

« Nous pouvions enfin rentrer chez nous après avoir vécu, dans l’horreur, la nuit sanglante et meurtrière du 31 août 2016 », poursuit-il sans craindre l’exagération. « Certaines personnes ont perdu la vie et d’autres auront vu la leur brisée », poursuit-il, avant de proposer : « je pense que le temps est venu d’ouvrir une enquête sur les exactions commises après l’élection présidentielle de 2016 ».

Quelques heures plus tard, ces propos, en apparence consensuels dans ce parti d’opposition, se sont, tel l’arroseur arrosé, retournés contre son auteur.

« C’est de l’opportunisme, voire du cynisme. Attendre cinq ans après les événements pour faire une proposition, déjà faite mille fois par le passé, ça n’a aucun sens. C’est en outre instrumentaliser la mémoire de victimes à des fins politiques », s’insurge un haut-cadre de l’UN, originaire d’Akanda, soutien affichée de Paulette Missambo dans la course à la présidence de l’UN.

« Les Gabonais pensent au présent et à l’avenir. Gondjout leur parle du passé »

Mais les flèches les plus affutées ont été décochées par l’intéressée elle-même. « Paul-Marie Gondjout est l’homme du passé », a-t-elle réagi lors d’un échange avec des membres de sa garde rapprochée.

« Il faut comprendre à travers cette réaction que Paul-Marie (Gondjout) n’est pas en phase avec les Gabonais. Eux pensent à leur situation aujourd’hui, puis à demain. Personne ne songe au passé. Ce sont des problèmes de riches, de gens aisés », explique ce soutien akandais de Paulette Missambo.

Un proche de Casimir Oyé Mba, l’ancien premier ministre et vice-président de l’UN ne dit pas autre chose. « Les Gabonais pensent au présent et à l’avenir. Gondjout leur parle du passé », cingle-t-il.

L’opposition gabonaise à la traine en matière de parité

Mais pour le soutien akandais de Paulette Missambo, il y a une autre élément qui plaide en défaveur de Paul-Marie Gondjout. « A l’heure où le Gabon se targue d’être l’un des pays les plus exemplaires en matière de parité, l’heure est venue pour l’opposition en général, et l’UN en particulier, de mettre à sa tête une femme », explique celui-ci.

Plusieurs fois reportée, l’élection du successeur de Zacharie Myboto à la tête de l’Union nationale devrait avoir lieu, sauf surprise, ce mois-ci. En attendant, entre les différents candidats (Paul-Marie Gondjout, Paulette Missambo, Casimir Oyé Mba…), tous les coups semblent permis.