Gabon : polémique autour d’une affiche de Dynamique unitaire

Jean-Rémy Yama, leader de la confédération syndicale Dynamique unitaire. © Twitter

Au Gabon, la polémique enfle autour d’une affiche de Dynamique unitaire qui a rejeté en bloc les mesures d’économies budgétaires annoncées par le gouvernement. L’attitude d’opposition systématique des leaders de la confédération syndicale est de plus en plus critiquée par la base qui lui reproche de confondre syndicalisme et activisme politique. 

L’affiche est sans équivoque. Elle appelle « tous les agents d’Etat, privés et contractuels » à prendre part à une manifestation mercredi 11 juillet au stade de basket de la Cité Awendjé. Mais un slogan écrit en gros caractères frappe et heurte une partie des militants : « Rendons le pays ingouvernable ».

Depuis la diffusion de cette affiche, les leaders de la confédération syndicale, qui entendent ainsi s’opposer aux mesures d’économies budgétaires récemment décidées par le gouvernement au Gabon, sont sous le feu des critiques d’une partie de la base.

« Avoir pour mot d’ordre de rendre le pays ingouvernable, ça n’est pas l’objet de la confédération. ça n’est pas comme cela qu’on défend les droits des travailleurs. Faire une nouvelle grève, alors qu’il y en a en permanence, nous mènera à quoi ? », se demande Steeve, qui prédit qu’« à la fin, c’est nous qui allons être pénalisés. »

Opposition systématique

Maryse, fonctionnaire elle-aussi, s’interroge sur un autre point : « je travaille dans la fonction publique mais je ne désapprouve pas toutes les mesures décidées par le gouvernement. Parfois, je me demande dans quelle réalité vive nos dirigeants syndicaux. Il y a une dette, il y a des déficits. Comment fait-on pour les rembourser ? On ne peut pas faire comme si tout cela n’existait pas », déplore-t-elle.

Marc, qui travaille dans le secteur privé, fait lui observer que les salariés des entreprises sont également invités à manifester alors que les mesures du gouvernement sont destinées « à relancer l’emploi dans le secteur privé. C’est totalement contradictoire ! », s’exclame-t-il.

Mais la principale critique est de principe. Nombre de militants à la base déplore l’attitude de leurs leaders portés à la contestation permanente. « Ils ne défendent pas en réalité nos intérêts. Ils sont toujours contre ceci, contre cela… Jamais pour. Et ils ne proposent aucune solution alternative« , déplore Laurence qui lâche, dépitée : « comme souvent avec nos leaders syndicaux, c’est critiquer pour critiquer et jamais proposer. Ils sont comme les partis d’opposition ».