Dans un courrier daté du 26 janvier 2022 et dont La Libreville a pu se procurer une copie, Paul-Marie Gondjout pointe du doigt les nombreux dysfonctionnements au sein du parti depuis l’élection en novembre dernier à sa tête de Paulette Missambo. Une élection dont il remet en cause la régularité. Pour les partisans de Missambo, il ne s’agirait que d’un prétexte dont la finalité serait d’imposer la candidature de Gondjout à la présidentielle de 2023. Une forme de chantage en somme. Ambiance.
La chose n’est pas inhabituelle. Mais elle est toujours spectaculaire. L’une des deux principales figures d’un parti politique conteste la gestion de l’autre.
Dans un courrier de trois pages d’une rare violence, daté du 26 janvier 2022, Paul-Marie Gondjout dénonce les nombreuses irrégularités au sein de l’Union nationale depuis l’élection de Paulette Missambo en novembre dernier.
« Certains faits et décisions désorientent les militants. Ils pourraient porter atteinte aux équilibres qui ont fait le fondement de l’Union nationale », écrit Paul-Marie Gondjout dans sa missive.
Et de citer à brûle-pourpoint le transfert du siège du parti au QG de campagne de Paulette Missambo sans aucune décision officielle ; sa décision de nommer deux représentants provinciaux (dans le Haut-Ogooué et la Ngounié) qui n’étaient même pas militants du parti avant leur nomination et qui ne connaissent donc rien à son fonctionnement ; le lancement d’une campagne d’adhésion visant en réalité à rééquilibrer les forces en faveur de Missambo au détriment de Gondjout ; ou encore le travestissement du logo du parti au sein du groupe WhatsApp de l’UN.
Pire, dans sa missive, Paul-Marie Gondjout remet en cause, en des termes pudiques mais fermes, l’élection très controversée de Paulette Missambo à la présidence de l’UN en novembre dernier, acquise grâce à une seule petite voix d’écart sur 642 votants… C’est d’ailleurs sur ce sujet qu’il débute son propos.
« Le processus qui a conduit à la désignation de la nouvelle structure dirigeante de notre parti ayant été très heurté au point de causer des blessures de part et d’autre, nous gagnerions à les panser pour tourner la triste page et nous concentrer au rassemblement de tous dans le parti », tonne M. Gondjout.
Plus loin, après avoir dénoncé la campagne d’adhésion lancée après son élection par Missambo (qui vise en réalité à faire basculer la base militante en sa faveur), avertit : « je considère que la mise à l’écart du fichier des militants à partir duquel a été organisé notre dernier congrès est une manœuvre inacceptable qui pourrait, le cas échéant, remettre en cause votre élection à la tête du parti ». On ne saurait être plus clair.
Dans l’entourage de Paulette Missambo, on s’agace de tels propos. « Quand on veut noyer son chien, on dit qu’il a la rage. Si Paul-Marie veut quitter le parti, la porte est grande ouverte », peste l’un des nouveaux responsables de l’UN.
Pour cet autre dirigeant, très proche de Missambo et dont la base est à Akanda, cette lettre viserait à créer un rapport de force pour permettre à « POG » d’obtenir l’investiture de l’UN pour l’élection présidentielle. « Paul-Marie veut être candidat. Il tente de mettre toute une série de choses à notre débit afin de recréer un équilibre en sa faveur. Dans son esprit, cela signifie que Paulette dirige le parti et lui est le candidat pour la présidentielle. Mais les choses en peuvent se passer ainsi », confie ce responsable.
Du côté de Paul-Marie Gondjout, on se dit déterminé. « Paulette Missambo le sait. Si Paul quitte le parti, c’est la mort de l’UN », prévient un de ses fidèles. C’est pourtant bien le destin qui semble guetter ce parti déjà moribond qui ne compte plus qu’un seul député à l’Assemblée nationale et dont l’influence dans la vie politique gabonaise est devenue insignifiante.