Gabon : l’opposition gênée par les derniers développements dans l’affaire Santullo

Guido Santullo, l'ex-roi du BTP au Gabon, a été mis en examen par la Justice suisse le 29 juin 2018.

L’opposition s’était réjouie au moment où Guido Santullo, l’ex-roi du BTP gabonais, réclamait à l’Etat du Gabon, le recouvrement d’une créance de 350 milliards de francs CFA. Depuis la mise en examen de l’homme d’affaires par la Justice suisse le 29 juin dernier, celle-ci fait profil bas. 

Beaucoup de Gabonais avaient à l’époque été choqués. Guido Santullo réclamait le paiement par l’Etat du Gabon d’une créance présumée de 350 milliards de francs CFA (environ 534 millions d’euros, et non 787 millions de francs CFA comme l’a indiquée la rumeur).

Faisant fi de la réputation sulfureuse du plaignant, dans les rangs de l’opposition, on s’était alors largement réjoui à l’annonce de cette nouvelle à grands coups de posts Facebook ou de tweets vengeurs. Nombreux étaient alors les opposants ou leurs sympathisants à relayer l’information sur leurs comptes.

Mais depuis, le vent a tourné. Guido Santullo a été mis en examen par la Justice suisse pour « corruption active » et « blanchiment d’argent ». Une décision qui fait suite à une plainte déposée par l’Etat gabonais le 7 février dernier.

Erreur de communication de la part de l’opposition 

Depuis, sur les réseaux sociaux, les leaders de l’opposition et leurs soutiens observent un silence de plomb.

A cela, rien d’étonnant, nous dit ce professeur de science politique à l’Université Omar Bongo. « L’opposition s’était saisie de cette affaire dans l’espoir d’affaiblir Ali Bongo Ondima. Mais c’était sans compter sur la réputation sulfureuse de Guido Santullo et sur l’action de la Justice. L’opposition a commis une erreur de communication car elle a donné l’impression de soutenir quelqu’un qui est accusé de corruption active et de blanchiment d’argent », explique l’universitaire. « Or, les Gabonais ne sont pas prêts à tout accepter au nom du combat partisan que livre l’opposition à la majorité », ajoute-t-il.

Effet boomerang, sur les réseaux sociaux, l’opposition est aujourd’hui vilipendée pour avoir de fait pris le parti de M. Santullo. « Quand il faut donner certaines informations sur Santullo et sur le Gabon, certains les donnent vite [en faisant référence à l’opposant Franck Jocktane, à l’activiste Marc Ona Essangui, et à certains comptes Twitter proches de l’opposition]. Aujourd’hui, Santullo a des petits soucis avec la Justice suisse, et il n’en disent rien », a ironisé sur son compte Twitter le caricaturiste gabonais Pahé.