Gabon : l’opposition accusée d’instrumentaliser l’état de santé d’Ali Bongo pour faire oublier sa débâcle électorale

Pour tenter de faire oublier sa débâcle électorale, l'Union Nationale de Zacharie Myboto tente de faire diversion en instrumentalisant l'état de santé du président Ali Bongo © DR

Rien de mieux pour faire oublier sa berezina lors des élections législatives et locales d’octobre que de faire diversion. C’est en tout cas, semble-t-il, la stratégie adoptée par l’opposition gabonaise qui utilise pour ce faire l’état de santé du président Ali Bongo Ondimba. A ce jeu-là, l’Union Nationale se distingue tout particulièrement. 

Après avoir vainement tenté de tirer la vieille ficelle de la fraude, après avoir glosé sur le taux de participation afin de minorer sa défaite, l’opposition gabonaise a trouvé mieux, pense-t-elle, pour reléguer au second plan sa déroute électorale : l’état de santé du président Ali Bongo, actuellement hospitalisé en Arabie Saoudite suite à un malaise dû à une fatigue sévère.

C’est dans ce contexte que s’inscrit le communiqué lunaire publié ce lundi 29 octobre par l’Union Nationale, parti d’opposition qui a subi la plus forte déroute lors des scrutins d’octobre (avec seulement cinq candidats qualifiés pour le second tour des législatives, contre huit pour le RHM et 13 pour Les Démocrates).

Attitude irresponsable

Trop heureux de tourner la page des élections, le bureau national de ce parti s’est empressé de consacrer sa première communication post-électorale à l’état de santé du président, se montrant volontairement alarmiste et parlant même « d’état de psychose » dans le pays.

« Il est évident que l’Union Nationale – qui est le parti d’opposition à avoir subi la plus lourde défaite lors des élections et dont l’un des leaders, Jean Gaspard Ntoutoume Ayi, s’est fait étrillé à Akanda, ne parvenant même pas à se qualifier pour le second tour des législatives – tente de se refaire une santé en créant un contre-feux », explique ce politologue gabonais, expliquant que « ça n’est pas faire preuve de responsabilité que d’instrumentaliser un tel sujet ».

Quand l’UN relaie des fake news

Hier, la présidence de la République a demandé aux Gabonais de redoubler de vigilance face aux fake news qui foisonnent sur les réseaux sociaux au sujet de l’état de santé du président. Manifestement, cela a échappé à l’UN qui n’hésite pas dans son communiqué à en relayer un certain nombre, à commencer par le tweet de cette journaliste du Washington Post le 25 octobre dernier qui avait annoncé la mort du président. On s’est depuis ce qu’il en est.

Enfin, dernier élément, l’Union Nationale souhaiterait que ce soit le gouvernement qui s’exprime sur l’état de santé du chef de l’Etat. Or, partout dans le monde, cette prérogative est dévolue à la présidence de la République. Mais cette réalité également, l’UN a, semble-t-il, fait le choix de l’occulter.