Gabon : Les syndicats de l’Education nationale envisagent une grève d’avertissement de trois jours à compter du 23 avril prochain mais craignent une faible mobilisation

Jean Rémy Yama, le leader de la confédération Dynamique Unitaire est aussi celui du Syndicat National des Enseignants Chercheurs @ DR

Les manifestations d’élèves contre la réforme des bourses d’études ayant fait long feu suite à la décision du gouvernement d’en reporter l’application et d’en améliorer les contours, les syndicats d’enseignants ne peuvent désormais compter que sur eux-mêmes pour pousser leurs revendications. Ceux-ci projettent de lancer à partir du 23 avril prochain une grève d’avertissement de trois jours. Divisés, peu représentatifs et très politisés, leurs dirigeants craignent toutefois une faible mobilisation. 

Les élèves leur a servi de paravent. Mais désormais, ils sont à découvert. Les syndicats ne peuvent compter que sur eux-mêmes pour pousser leurs revendications (hausse de salaires des enseignants, avantages matériels, améliorations des conditions de travai, etc.). « Ils ne peuvent plus s’abriter derrière les collégiens et les lycéens. Pour eux, l’heure de vérité a sonné », confie un spécialiste des mouvements sociaux au Gabon.

« Enseignantes, enseignants. Nous avons assez attendu et le moment est venu pour le Gouvernement de fixer la date des concours internes de l’ENI et l’ENS reportés sine die, de lever le gel des carrières, former les inspecteurs et de construire des établissements », ont écrit sur une de leur page Facebook divers syndicats.

Outre l’amélioration des conditions de travail, les enseignants exigent du gouvernement, le versement des salaires aux enseignants stagiaires ENI/ENS des promotions de 2014 à 2017, le paiement  des salaires des agents suspendus suite au recensement initié en juillet 2018, la signature de l’arrêté instituant l’organisation de la journée nationale de l’enseignant le 23 mars, ainsi que le versement intégral des vacations 2018.

Ces arbres qui cachaient le désert

Pour les syndicats, la principale difficulté sera de mobiliser. « Ils sont faibles car divisés et peu représentatifs. En outre, leur politisation fait que beaucoup de travailleurs s’en sont détournés. Pour la base, ces syndicats feraient de la politique et détriment de leur mandat syndical », explique ce professeur de droit social à l’UOB. Et celui-ci de citer le Sena, la Conasysed ou encore Dynamique Unitaire qui « ont objectivement profité des manifestations d’élèves la semaine dernière. Mais les élèves, c’était un peu les arbres qui cachait le désert. Car outre, un petit noyau de militants, les enseignants se sont très faiblement mobilisés », fait-il observer.

Dimanche, les syndicats affiliés à Dynamique unitaire, la confédération syndicale des agents publics, dirigé par Jean Rémy Yama (qui fait actuellement l’objet d’une procédure judiciaire pour abus de confiance aggravé) ont claqué la porte de la réunion de concertation initiée par le ministre de l’Education nationale, Michel Menga M’Essonne. Ceux-ci voulaient élargir les discussions à leurs revendications et non la limiter à la seule question des conditions d’attribution des bourses étudiantes. Une attitude qualifiée d’ « opportunistes » par les associations de parents d’élèves présentes dans la salle.