Gabon : Les sanctions contre les enseignants grévistes pourront aller jusqu’à la radiation

Le ministre gabonais de l'Education nationale et de l'Enseignement supérieur, Patrick Mouguiama-Daouda © DR

Face à la grève illimitée (et largement illégale) entamée par certains enseignants depuis le début de la rentrée scolaire 2020-2021, le gouvernement durcit à nouveau le ton. Le ministère de l’Education nationale menace de radier les enseignants absentéistes et de suspendre les salaires des grévistes.

Le 8 novembre dernier, le gouvernement avait déjà décidé d’instaurer le paiement par bon de caisse pour dissuader les grévistes. Mais cette mesure n’a semble-t-il pas porté les fruits escomptés puisque les enseignants ont poursuivi leur mouvement d’humeur. Face à cette situation, le gouvernement a décidé de hausser le ton.

« Seuls les enseignants en poste recevront leurs salaires. Les autres seront en fonction de leurs positions traitées ainsi qu’il suit : les enseignants en grève, paiement des allocations familiales et de la prime de logement. Les enseignants n’ayant pas regagné leurs postes d’affectation, suspension de solde. Les enseignants absents de leurs postes depuis au moins 3 mois, lancement de la procédure de radiation », détaille un communiqué rendu public lundi 6 décembre par le ministère de l’Education nationale.

Le gouvernement observe que malgré les efforts consentis pour trouver des solutions aux revendications des enseignants, certains d’entre eux n’ont pas repris leur poste ; d’autres empêchent même leurs collègues de faire leur travail. Résultat : certains établissements sont fermés ; d’autres voient leur fonctionnement perturbé. Une situation qui exaspère parents et élèves. Hier lundi, ces derniers sont descendus en masse dans la rue pour réclamer la reprise des cours.

S’agissant des régularisations d’enseignants qui comptent au nombre des revendications des syndicats, le ministère de l’Education indique qu’entre octobre 2019 et décembre 2020, 1430 attestations de recrutement ont été générées donnant lieu à un passage en solde définitif. Entre janvier et novembre 2021, 617 nouvelles attestations de recrutement ont été générées. Soit, 162 au mois d’avril, 34 en juin, 209 en juillet, 70 en septembre et 142 en novembre. En ce qui concerne la régularisation des soldes, ce sont 2047 agents issus des promotions 2015 à 2020 qui ont été pris en compte à ce jour. « L’opération se poursuit et les dossiers des dernières promotions sortant d’école sont dans le circuit de traitement », a fait savoir le ministère de l’Education.

Concernant les reclassements après stages, une autre revendication des syndicats, entre janvier et octobre 2021, ce sont 1150 dossiers qui ont été traités pour le compte de l’Education nationale. Le gouvernement dit être actuellement entrain de travailler pour le lancement du concours interne.

« À ce jour 5 points de revendications sont pris en compte. Premièrement, la mise en place de la commission ministérielle du dialogue social, deuxièmement, la mise en place de la commission ministérielle des recrutements directs, troisièmement, le traitement effectif des régularisations des situations administratives, quatrièmement, la construction des établissements scolaires, et cinquièmement, la réactivation de la commission bipartite d’organisation des concours internes ». Et pour le reste des revendications, elles sont traitées dans le cadre du dialogue social auquel prennent part les organisations syndicales.

Pour les observateurs, la grève dans l’Education nationale semble plus être motivée par des objectifs politiques que par des revendications corporatistes.