Gabon : Le président ivoirien Alassane Ouattara renonce à son soutien à l’opposition et se range derrière Ali Bongo Ondimba

Ali Bongo Ondimba et Alassane Ouattara, tout sourire, ce samedi 29 avril 2023 à Libreville © Twitter/ABO

Alassane Ouattara était ce samedi 29 avril au Gabon dans le cadre d’une visite de travail et d’amitié. Si officiellement ce déplacement avait pour objectif de renforcer les liens de coopération entre les deux pays ; officieusement, il s’est agi pour le numéro un ivoirien de marquer son soutien à son homologue gabonais à quatre mois de l’élection présidentielle. 

« Plaisir de recevoir mon frère le Président de la Cote d’Ivoire, Alassane Ouattara, venu au Gabon ce samedi 29 avril pour une visite de travail et d’amitié », a écrit sur ses réseaux sociaux Ali Bongo Ondimba.

C’est « l’occasion », a-t-il souligné, « d’œuvrer au raffermissement des relations entre nos deux pays, leaders dans leur sous-région respective. »

Mais l’important réside dans la dernière phrase du message écrit par le président gabonais sur Twitter et Facebook. « A titre personnel, je l’ai chaleureusement remercié pour son soutien. »

Ali Bongo Ondimba fait-il allusion à l’après-AVC ? « Non », répondent de concert les entourages respectifs des présidents ivoiriens et gabonais.

« Par le passé, à l’occasion des élections, il y a eu des incompréhensions », explique, de manière euphémisée, un collaborateur d’ADO. Celui-ci fait référence au soutien que le président ivoirien aurait apporté à l’opposition gabonaise, en particulier à Jean Ping, en 2016. « Cette époque-là est définitivement révolue. La Côte d’Ivoire n’a pas vocation à s’ingérer dans les affaires intérieures, a fortiori politiques, du Gabon », insiste-t-il. « Nous travaillons avec les institutions. » Ce que confirme un conseiller du chef d’Etat gabonais. « Les deux présidents ont décidé de faire table rase du passé », affirme pudiquement celui-ci.

Coup dur pour l’opposition et particulièrement pour Barro Chambrier

Ce changement de position est un coup dur pour l’opposition gabonaise qui a toujours cherché du soutien à l’extérieur à la veille des échéances électorales, singulièrement en Côte d’Ivoire et au Congo-Brazzaville. « Pour le Congo, depuis l’affaire Guy Nzouba-Ndama (le président des Démocrates arrêté à la frontière le 17 septembre dernier avec, dans ses valises, 1,18 milliard de francs CFA en liquide), les choses sont compromises. Et maintenant, c’est la deuxième source traditionnelle de financement de l’opposition, celle en Côte d’Ivoire, qui se tarit. A quatre mois de l’élection présidentielle, les choses vont être très difficiles pour elle », prédit un professeur en science politique de l’UOB.

Au sein de l’opposition gabonaise où les choses ne sont pas monolithiques, la principale victime est sans doute Alexandre Barro Chambrier. « C’est lui qui pouvait le plus attendre d’un soutien à l’international. Les choses se sont compliquées il y a quelques mois avec le Congo en raison du scandale provoqué par l’affaire Guy Nzouba-Ndama. Maintenant, (M. Barro Chambrier) doit aussi renoncer à un soutien ivoirien », explique un fin connaisseur de l’opposition gabonaise.

Le président du RPM, qui se rêvait il y a peu encore comme le candidat commun de l’opposition pour l’élection présidentielle à venir, devra sans doute, faute de moyens, réviser ses plans et revoir à la baisse ses ambitions.