C’est l’une des déclarations chocs de cette fin d’année. Elle est le fait du leader du premier parti d’opposition à l’Assemblée nationale, qui est semble-t-il le mieux placé aujourd’hui pour être le candidat chef de file de son camp, en lieu et place de Jean Ping, lors de l’élection présidentielle de 2023.
« Le combat pour la vacance de pouvoir est perdu d’avance car notre Constitution ne reconnaît qu’à deux Institutions la procédure d’engager la vacance. Le gouvernement et les deux chambres du Parlement qui sont majoritairement composées du PDG et de ses soutiens. Vous ne pouvez donc pas compter sur eux pour mener ce combat », avait déclaré, lucide, Guy Nzouba-Ndama dans une interview à Jeune Afrique ce mois-ci.
Quelques jours plus tard, devant une poignée de ses partisans, le président du parti Les Démocrates, premier groupe d’opposition à l’Assemblée nationale avec dix députés, avait enfoncé le clou. « Ce qu’attendent les Gabonais de l’opposition, ça n’est pas de débattre sur des sujets politiciens perdus d’avance mais de faire des contre-propositions pour améliorer leur quotidien (…) Il faut se méfier des débats qui intéressent les réseaux sociaux et les journalistes internationaux mais qui sont à mille lieux des préoccupations de nos concitoyens », avait-il indiqué. Une pique à peine voilée à l’encontre du collectif d’opposants Appel à agir qui tente de compenser son manque de représentativité politique par un surcroît de visibilité médiatique.
Pour rappel, Les Démocrates, parti fondé il y a deux ans par Guy Nzouba-Ndama, est le premier groupe d’opposition à l’Assemblée nationale avec dix députés, loin devant le RPM de Barro Chambrier et l’UN de Myboto. De ce fait, beaucoup considèrent que M. Nzouba-Ndama est le mieux placé pour être le chef de file de l’opposition lors de la prochaine élection présidentielle. Sur le déclin, Jean Ping, jugé trop radical et bloqué sur le scrutin de 2016, ne semble plus en mesure de défendre ses chances. D’autant qu’en 2023, date de la prochaine élection présidentielle, l’ex-pilier du régime sous Omar Bongo aura 81 ans.
La situation de l’opposition au Gabon, divisée et affaiblie, contraste avec celle de la majorité qui, fort de sa victoire aux élections générales d’octobre 2018, a, cette année, resserrée les rangs autour de son leader, le chef de l’Etat Ali Bongo Ondimba. Désormais remis d’un AVC survenu en 2018 dont les séquelles se sont largement estompées, celui-ci a repris en main l’ensemble des commandes de l’Etat, comme le montre le lancement début novembre d’une vaste opération anti-corruption qui a conduit au placement en détention provisoire d’une vingtaine d’ex-hauts responsables publics, et fait son grand retour sur la scène internationale lors du sommet extraordinaire de la CEEAC le 18 décembre dernier, qualifié par les observateurs de « réussite ».