Gabon : L’attitude de l’opposition vis-à-vis de l’équipe nationale de football fait polémique

Le Gabon s'est qualifié pour la phase finale de la CAN en battant 3 à 0 la RDC ce jeudi à Franceville © DR

Après s’être qualifiée de belle manière pour la CAN 2022 en battant jeudi à Franceville la RDC 3 à 0, la sélection gabonaise a reçu une pluie de félicitations. A une exception près. Aucun opposant, ni activiste, pourtant férus de réactions à tout propos sur les réseaux sociaux, n’a dénié le faire, ce qui n’a pas manqué de susciter une très vive polémique au Gabon. Voici pourquoi. 

« Une victoire 3 à 0 face à la RDC, la tête de son groupe (le D, NDLR) et une qualification directe pour la phase finale de la CAN, c’est objectivement historique ! ». C’est en ces termes que s’est exprimé jeudi soir l’un des commentateurs de la chaine de télévision Canal+ quelques secondes après la victoire des Panthères face aux Léopards.

L’équipe gabonaise a, il est vrai, ajouté au résultat la manière. Ce qui a déclenché une pluie de félicitations à son endroit. De la part des officiels gabonais au premier chef : Le président de la République, Ali Bongo Ondimba, le premier ministre, Rose Christiane Ossouka Raponda, le ministre des Sports, Franck Nguema, etc.

Mais également du monde du football. L’AS St Etienne, le club de Denis Bouanga, Arsenal, celui de Pierre-Eymerick Aubameyang, de stars du football (comme Alexandre Lacazette…) ou encore de Patrice Motsepe, le président fraîchement élu de la CAF.

Un concert unanime de louanges auquel n’a manqué qu’une seule voix

Un concert unanime de louanges auquel n’a finalement manqué qu’une seule voix : celle des opposants gabonais, politiques comme activistes. Que ce soit Jean Ping, Alexandre Barro Chambrier, Jean Gaspard Ntoutoume Ayi, Marc Ona Essangui, pourtant connu pour poster des messages à tout propos sur les réseaux sociaux, pas un n’a pris la peine de féliciter le onze gabonais. Silence total cette fois-ci.

« La qualification des Panthères pour la CAN est une mauvaise nouvelle pour l’opposition »

Pour ce professeur en science politique de l’UOB, la plus grande université du pays, cette attitude n’est en rien surprenante. « L’opposition prospère au Gabon sur les mauvaises nouvelles. Au fond, elle souhaite que la situation empire pour espérer pouvoir un jour ramasser la mise. De ce point de vue, une qualification de l’équipe nationale pour la prochaine CAN est pour elle une mauvaise nouvelle. D’autant que celle-ci, comme l’a fait remarquer le ministre des Sports Franck Nguema, est en partie à mettre au crédit du président Ali Bongo Ondimba qui a consacré beaucoup de moyens pour mettre l’équipe nationale dans les meilleures dispositions », explique de façon didactique l’universitaire.

« L’opposition au Gabon est comme un charognard qui tourne autour de la bête en attendant une faiblesse de sa part, un effondrement pour pouvoir se repaitre de son cadavre », commente, en abondant dans le même sens, un député du PDG, le parti majoritaire au Gabon. « Elle a pour unique stratégie de tout critiquer en permanence sans jamais rien contre-proposer. On voit ce que ça donne lors des élections », ajoute-t-il en ironisant.

Mais dans un pays où le football tient lieu, comme partout ailleurs en Afrique, de quasi-religion, pareille attitude passe mal, très mal. « J’ai voté Ping en 2016. Mais là, l’attitude de toute l’opposition me dégoute. C’est comme si, au fond d’elle, elle souhaitait la défaite de nos Panthères. C’est incompréhensible et révoltant », a écrit Marc, originaire de Lambaréné, sur Facebook. Un message à l’image de centaines d’autres du même acabit.

Suicidaire

« Plutôt que de compter sur ses propres forces, l’opposition gabonaise mise sur l’échec des autorités », ajoute le professeur en science politique de l’UOB. Une stratégie perdante selon lui. « Alors qu’elle prédisait le pire pour le Gabon lors de la crise du Covid-19, celui-ci s’est révélé être l’un des pays africains les plus efficaces dans la riposte. Avant, elle espérait que les ennuis de santé du président ne l’amène à abandonner le pouvoir. Aujourd’hui, elle en vient à espérer une contre-performance des Panthères. C’est suicidaire dans un pays comme le Gabon », fait observer l’universitaire.

Cela montre en tout cas le désarroi de l’opposition qui, a un peu plus de deux ans de la prochaine présidentielle, sans leader ni boussole, apparait divisée, très affaiblie et sans stratégie.