Celle qui se pique sur les réseaux sociaux et dans les médias de défendre les droits de l’Homme au Gabon et dans le reste de l’Afrique a accepté, avec un plaisir non dissimulé, l’invitation des autorités russes, très critiquées par les ONG internationales pour leur non respect des… Droits de l’Homme.
« Opportuniste ». « Versatile ». « Duplice ». Depuis deux jours, les qualificatifs les plus péjoratifs s’abattent sur Laurence Ndong, une activiste gabonaise.
La raison : celle-ci a accepté l’invitation des autorités russes à participer au premier sommet Russie – Afrique qui se déroule du 23 au 25 octobre à Sotchi, une ville balnéaire russe.
Si Laurence Ndong est particulièrement critiquée alors qu’ils sont des centaines, comme elle, à avoir été invités à cette occasion, c’est en raison de son ambivalence, pour ne pas dire ses contradictions. En effet, celle-ci est connue sur les réseaux sociaux pour exploiter le moindre fait, fut-il anecdotique, le monter en épingle et crier à la violation des droits de l’Homme au Gabon, où celles-ci sont pourtant mineures, comme ailleurs en Afrique.
Opportunisme et insincérité
Depuis deux jours, l’activiste gabonaise essuie un tombereau de critiques sur les réseaux sociaux et fait face à un procès en insincérité. « Comment Laurence Ndong peut-elle accepter l’invitation de la Russie de Poutine qui foule aux pieds les Droits de l’Homme. Comment peut-on être à ce point opportuniste et se faire acheter avec un billet d’avion, une chambre d’hôtel et un séjour tous frais payés ? », s’étrangle Carine, une jeune gabonaise issue de la diaspora sur son compte Facebook.
Même « déception », si l’on peut dire, du côté des associations de défense des Droits de l’Homme. « Quand on prétend défendre les droits humains universels, il faut être cohérent et défendre ces principes avec la même vigueur partout dans le monde. Sinon, on est pas crédible. On ne peut pas se montrer sévère avec les uns et tolérant, voire laxiste, avec les autres », déplore un responsable de l’association Sherpa, joint par téléphone à Paris.
Opposante virtuelle
Y compris au sein de la diaspora gabonaise en France, le déplacement de Laurence Ndong en Russie ne surprend toutefois guère. L’ex-porte-parole de Jean Ping – avec lequel elle a pris ses distances depuis – lors de l’élection présidentielle de 2016, y est largement perçue non comme une activiste se battant pour des valeurs, mais comme une politicienne défendant les intérêts d’un camp ou détriment d’un autre. « Laurence a une vision manichéenne des choses. Elle dramatise le moindre fait venant du pouvoir. En revanche, elle passe sous silence les turpitudes, parfois graves, de l’opposition. On n’est donc moins dans l’activisme que dans la politique politicienne », cingle une figure de la diaspora gabonaise à Paris qui l’a longtemps côtoyée.
Laurence Ndong est, en outre, souvent raillée pour son penchant exacerbée pour les médias mais également les réseaux sociaux, dont elle a une pratique frénétique, au point d’être qualifiée d’ « opposante virtuelle » par ses adversaires. « C’est un épiphénomène médiatique mais politiquement, elle ne pèse rien du tout », explique, dans un rire sardonique, un responsable du PDG, le parti au pouvoir, élu député de l’Estuaire lors des dernières élections législatives.