Me Eric Moutet a écrit un courrier à Jean-Yves Le Drian pour lui demander d’intervenir auprès des autorités gabonaises afin d’accélérer la délivrance du passeport de l’activiste pro-opposition Marc Ona Essangui.
Il aura tout tenté. Après avoir fait du tambour sur les réseaux sociaux, puis dans les médias, en vain, pour accélérer la délivrance de son passeport qu’il doit renouveler, Marc Ona Essangui s’est résolu à écrire au ministre des Affaires étrangères… français !
Le courrier, daté du 24 octobre, éventé sur les réseaux sociaux aujourd’hui, est signé de la main de son avocat, Me Moutet. Ce dernier demande à Jean-Yves Le Drian, d’intervenir, autrement dit, de faire pression, « directement ou à travers les représentants de la diplomatie française à Libreville » afin que son client se voit délivrer le plus rapidement possible son nouveau passeport, ce dernier devant « honorer des invitations à l’international. »
Pourquoi la France ? Parce qu’il s’agit de la patrie des droits de l’Homme ? Parce que l’avocat de Marc Ona Essangui est français ? Parce que les autorités françaises sont réputées avoir des moyens de pression sur leurs homologues gabonais ? Pour toutes ces raisons à la fois ?
Du côté du Quai d’Orsay, le ministère français des Affaires étrangères, on oppose un silence gêné à ce sujet. A peine se contente-t-on de dire que « le ministère fait l’objet de beaucoup de demandes de ce type. » Les autorités gabonaises ne se montrent pas plus prolixes. « Ça n’est pas comme cela que se traite ce genre de dossier. Il y a des procédures », lâche, de façon lapidaire, une source en réponse à notre sollicitation.
En tout cas, au Gabon, la démarche passe mal auprès de l’opinion. D’autant que l’intéressé ne perd pas une occasion pour pourfendre l’ex-puissance coloniale. « Quand ça va mal, c’est de la faute de la France. Quand on a besoin d’aide, on fait appel à la France », raille un internaute gabonais dans un message adressé sur Facebook à Marc Ona.
Le 12 juillet dernier, Ngomo Privat, un opposant proche de Jean Ping, avait manifesté devant l’ambassade de France à Libreville, en s’en prenant violemment à l’ex-puissance coloniale. Une manifestation soutenue à l’époque par… Marc Ona Essangui. Manifestement, celui-ci n’est pas à un paradoxe près.