Gabon : La députée PDG Sylvie Nzamba Kotha explique pourquoi elle a voté pour la dépénalisation de l’homosexualité

La députée du 3ème arrondissement de Libreville, Sylvie Nzamba Kotha © DR

Dans un post remarqué, mis en ligne hier sur sa page Facebook, la députée PDG du 3ème arrondissement de Libreville, Sylvie Nzamba Kotha, explique, avec conviction et transparence, pourquoi elle a voté en faveur de la dépénalisation de l’homosexualité au Gabon. Une initiative d’autant plus remarquable qu’elle est l’un des rares élus de la Nation à l’avoir fait. 

C’est en raison de ses convictions religieuses, mais aussi pour des questions juridiques et politiques que Sylvie Nzamba Kotha a voté mardi en faveur de la dépénalisation de l’homosexualité au Gabon. C’est ce qu’elle explique dans un post Facebook d’une grande profondeur mise en ligne hier mercredi sur sa page Facebook.

« Venons-en au retrait de l’alinéa 5 de l’article 402 de la Loi n°042 2018 du 5 juillet 2019 portant Code pénal. J’ai exprimé mon vote  »Pour ». Je fais parti des 48 députés ayant voté en faveur de ce projet de loi », rappelle-t-elle d’emblée.

Si la députée a voté en faveur de cette loi, c’est d’abord, dit-elle, en raison de ses convictions religieuses. « Je respecte les opinions des uns et des autres. Je suis catholique pratiquante. J’ai des convictions religieuses et je respecte nos us et coutumes. Même Jésus Christ lui même a pardonné la prostituée…  »Que celui qui n’a jamais péché jette la première pierre » ! (…), écrit Mme Kotha.

Mais le sens de son vote est également motivée par des questions juridiques. Il faut relire, exhorte-t-elle, « la Loi mère qu’est notre Constitution en son Article Premier La République Gabonaise qui reconnaît et garantit les Droits inviolables et imprescriptibles de l’Homme, qui lient obligatoirement les pouvoirs publics : chaque citoyen a Droit au libre développement de sa personnalité, dans le respect des Droits d’autrui et de l’ordre public. Nul ne peut être humilié, maltraité ou torturé, même lorsqu’il est en état d’arrestation ou d’emprisonnement ».

Or, rappelle la députée, « nous avons ratifié plusieurs conventions internationales notamment la convention des droits de l’Homme…La ratification ou l’adhésion signifient qu’un État accepte d’être juridiquement lié par les dispositions de la Convention. … », fait-elle observer en citant ensuite l’article 2 de la Constitution qui dispose que « la liberté de conscience, de pensée, d’opinion, d’expression, de communication, la libre pratique de la religion, sont garanties à tous, sous réserve du respect de l’ordre public ». Et d’ajouter que « respecter les droits de l’Homme, c’est respecter la vie d’autrui ».

Outre pour des motifs religieux et juridiques, c’est pour des raisons politiques que la député Kotha a voté en faveur du texte. « Je me permets de vous rappeler en tant que député du Parti Démocratique Gabonais, il est de ma responsabilité de soutenir le Premier ministre dans les réformes présentées… Un engagement est un engagement pour ceux qui se sont abstenus, ils auraient pu avoir plus de cran et se déterminer plus nettement… », cingle-t-elle, adressant ainsi une pique à tous ses collègues qui se sont murés dans l’abstention.

Enfin et peut-être surtout, Sylvie Nzamba Kotha tient à repréciser la portée exacte du texte du gouvernement qui a généré, intentionnellement ou non, de nombreux contresens. « Nous ne devons pas confondre la dépénalisation : action de dépénaliser, de soustraire (une infraction, une action) à la sanction du droit pénal ; à la légalisation : authentification (d’un acte, d’une signature) par une autorité officielle… le Gouvernement n’a pas légalisé ce fait société, le Premier Ministre Julien Nkoghe Bekalé nous a rappelé que la loi du 31 mai 1963 en son article 258 ne pénalisait pas l’homosexualité… », indique-t-elle, soulignant ainsi que la pénalisation de l’homosexualité (à ne pas confondre avec sa légalisation) ne relève pas de la tradition juridique et politique gabonaise.

« 56 ans auparavant, nos pères de la Nation n’étaient-il pas des fervents croyants et défenseurs de nos rites et coutumes ? », fait-elle mine de s’interroger. Manière de répondre à tous ceux qui ont accusé les 48 députés qui ont voté pour la dépénalisation de l’homosexualité que leurs accusations ne relèvent ni plus ni moins que d’un faux-procès.