Gabon : Julien Nkoghe Bekalé a-t-il raté sa sortie face aux députés ?

Le premier ministre gabonais, Julien Nkoghe Bekalé © DR

C’est ce que pensent en tout cas plusieurs députés à l’issue de l’intervention, hier jeudi, du premier ministre devant la Représentation nationale consacrée au bilan de l’action du gouvernement en matière de riposte face au Covid-19.

L’Assemblée nationale a beau être dominée par le PDG et ses alliés (plus de 120 élus sur 143), l’intervention hier du premier ministre n’a semble-t-il pas totalement convaincu les députés.

Si certains se disent emballés par sa prestation, le trouvant précis et lucide, d’autres se se montrent plus circonspects, le dépeignant comme emprunté et approximatif.

Déjà, il y a cette phrase qui sonne comme un aveu d’échec. « Il faut admettre que la mise en œuvre de ces mesures (contenues dans le plan de soutien massif de 250 milliards de francs CFA annoncé par le président de la République), notamment le Confinement total du grand Libreville n’a pas été parfaite », a déclaré le premier ministre.

On se souvient en effet que le gouvernement avait tardé durant la première semaine d’avril à mettre en oeuvre les mesures de ce plan d’urgence. Au point que le chef de l’Etat, Ali Bongo Ondimba, lassé d’attendre, a dû tapé du poing sur la table pour que les choses avancent enfin (lire notre article).

Autre critique : dans son discours, Julien Nkoghe Bekalé, les traits manifestement tirés, a commis un certain nombre d’approximations, comme le relève ce député du Haut-Ogooué. « Dire que c’est en décembre qu’ont été mis en place le comité de pilotage COVID-19 est faux. Il a été instauré bien plus tard », grince l’élu qui effectue son deuxième mandat.

D’autres députés encore pointent la forme du discours du premier ministre, le jugeant « scolaire », « assommant de chiffres » ou encore « sans perspectives d’avenir ». De fait, l’intervention du premier ministre qui promettait d’être divisée en deux parties, le bilan d’une part et les pistes de sortie de crise sur le plan sanitaire comme économique d’autre part, a manifestement été amputé de la deuxième partie que beaucoup attendaient. « C’est bien de dresser le bilan, dire ce qu’il s’est passé. Mais il aurait été judicieux d’esquisser les pistes d’action pour l’avenir car cette crise ne durera pas et il faudra bien relancer les choses le moment venu », regrette ce député du Woleu-Ntem.

Certes, ces critiques ne sont peut-être pas totalement représentatives de l’état d’esprit général des députés. Elles sont tout de même symptomatiques d’une forme de défiance qui s’est installée dans la majorité à l’égard d’un premier ministre dont l’action, à l’occasion de cette crise du Covid-19, est jugée mitigée par la population.