Gabon : Jugeant l’Appel à agir contre Ali Bongo « inconstitutionnel » et « calomnieux », la Cosynap n’y répondra pas, a assuré son leader Joël Ondo Ella

Le président de la Confédération syndicale des agents de l’administration publique, parapublique et privée (Cosynap), Joël Ondo Ella @ DR

C’est ce qu’a déclaré le président de la Confédération syndicale des agents de l’administration publique, parapublique et privée (Cosynap) dans une interview à nos confrères de Gabonreview. Le syndicaliste dit ne pas comprendre les véritables motivations des dix signataires de cet appel à agir pour la déclaration de la vacance du pouvoir au sommet de l’État. Une démarche qu’il juge « inconstitutionnelle » et « calomnieuse ».

Coup dur pour le collectif Appel à agir qui réclame, à grands renforts médiatiques, depuis plusieurs semaines la mise en oeuvre de l’article 13 de la Constitution sur la vacance présidentielle.

Dans une interview à nos confrères de Gabonreview, Joël Ondo Ella, le président de la Cosynap, l’une des plus grandes centrales syndicales du pays, a vertement critiquée cette initiative. Et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il n’y va pas par quatre chemins.

A la question de savoir comment la Cosynap perçoit cet Appel à agir et si celle-ci est susceptible d’y répondre favorablement ? », la réponse du leader syndical fuse, cinglante.

« Notre organisation n’est pas disposée à répondre à cette invitation. Nous pensons que nous n’avons pas d’éléments médicaux pour dire qu’Ali Bongo n’est plus apte à diriger le Gabon. Car trop d’informations ont circulé sur ce dossier. D’aucuns le déclaraient mort, d’autres parlent de sosie et bien d’autres choses circulent sur la toile. La Cosynap ne dispose d’aucun élément pour  dire qu’Ali Bongo n’est plus en vie ou que c’est son sosie que nous voyons », déclare le leader syndical.

Celui-ci, qui soutient ne pas avoir  d’informations contraires sur l’état de santé du président par rapport à celle fournies par les autorités, va ensuite un cran plus loin dans la critique de cet Appel à agir. « La Cosynap pense que la procédure de changement des institutions au Gabon obéit à une démarche qui semble ne pas être celle de « l’Appel à agir ». Enfin, conscient que le Gabon est notre pays à tous, et un État de droit, sans preuve, toutes ces allégations pourraient être considérées comme des calomnies », déclare M. Ondo Ella.

Et le leader de la Conysap, décidément très en verve, de conclure en taclant son homologue Jean-Rémy Yama, qui a semblé approuvé, fut-ce du bout des lèvres, cet Appel à agir. « Les Gabonais en général et les travailleurs en particulier vivent dans un contexte économique difficile. Notre rôle de syndicalistes est de les défendre pour améliorer leur quotidien» Une critique à peine voilée à l’encontre du président de Dynamique Unitaire accusé d’opérer un mélange des genres entre activités politiques et syndicales.

En attendant, pour le collectif Appel à agir, les déclarations du leader de la Conysap sont une mauvaise nouvelle. Déjà, aucune des principales figures de l’opposition ne les a rejoint dans leur démarche. Jean Ping et Alexandre Barro Chambrier ont reçu les signataires poliment, à leur demande. Sans plus. En outre, beaucoup dénoncent une initiative mal venue, frappée de caducité, au moment où Ali Bongo est définitivement rentré au Gabon. D’autres encore fustigent la volonté des signataires de cet appel, tous des seconds couteaux de l’opposition (dont aucun ne détient un mandat d’élu), de se faire à peu de frais de la publicité, leur démarche étant, il est vrai, vouée à l’échec.