Gabon : Jean Rémy Yama, futur candidat de l’opposition aux élections législatives ?

Jean Rémy Yama, président de Dynamique Unitaire et possible futur candidat aux élections législatives d'octobre prochain au Gabon @ Facebook

L’intéressé en rêve même s’il hésiterait encore. Jean Ping et son entourage l’y encourage pourtant fortement. Pour ce dernier, en mal de leadership au sein de l’opposition, le président de Dynamique Unitaire serait une belle prise de guerre. 

Jean-Rémy Yama, futur candidat aux élections législatives d’octobre prochain au Gabon ? L’hypothèse pouvait, il y a quelques mois encore, apparaître fantaisiste. Pourtant, elle est sérieusement envisagé par l’intéressé. « Il en rêve et depuis longtemps. Jean Rémy a contracté très tôt le virus de la politique », confie un proche.

Dans les années 2000, Jean Rémy Yama s’était, on s’en souvient, engagé en politique au sein de l’Union gabonaise pour la démocratie et le développement (UGDD) de Zacharie Myboto avant de rejoindre en 2009 l’Union nationale.

Yama déjà candidat lors des législatives de 2006

Et s’il se présentait en 2018, ce ne serait pas une première pour M. Yama. En effet, le leader syndical s’était déjà porté candidat lors des législatives de 2006 dans l’Ogooué-Lolo. « Il n’a jamais oublié cette défaite. Il attend depuis longtemps de prendre sa revanche », explique un membre de son entourage.

Et justement, c’est dans cette même province de l’Ogooué-Lolo que le leader de Dynamique Unitaire envisagerait aujourd’hui de se représenter. Depuis quelques semaines, il a pris l’habitude de réunir autour de lui deux fois par semaine un petit groupe de personnes qui pourrait préfigurer une future équipe de campagne.

Face à la faiblesse actuelle de l’opposition et à l’exposition médiatique dont il bénéficie – et qui n’est pas pour lui déplaire -, Jean Rémy Yama se sent pousser des ailes. « Il pense qu’il a un coup à jouer. Pour lui, l’opposition est mal en point. Il y a donc des places à prendre », indique un opposant avec lequel il échange régulièrement.

Poussé par Jean Ping 

Tous dans l’opposition ne verrait pas d’un mauvais œil une candidature de Jean Rémy Yama. En particulier Jean Ping qui, ayant maille à partir actuellement avec les autres leaders de l’opposition (Alexandre Barro Chambrier, Zacharie Myboto, Jean Gaspard Ntoutoume Ayi…), tente de s’en faire un allié.

« Jean Ping a besoin de quelqu’un comme Jean Rémy Yama pour deux raisons au moins : d’une part, il est à la recherche de nouveaux alliés car ses relations avec ses soutiens traditionnels, ceux qui l’ont aidé en 2016, se sont fortement dégradées ; d’autre part, comme il a décidé de ne pas participer aux prochaines élections, il ne peut pas se permettre de laisser le champ totalement libre aux autres leaders de l’opposition. Il doit donc malgré tout susciter des candidatures de personnalités qui, pense-t-il, lui seront acquises et qui pourront faire contrepoids aux autres leaders de l’opposition au sein de l’Assemblée nationale », analyse un professeur en science politique de l’UOB.

De fait, le patron de la CNR est lourdement soupçonné par les autres opposants de vouloir faire main basse sur Dynamique Unitaire. Beaucoup d’entre eux évoquent d’ailleurs le paiement par Jean Ping du récent séjour parisien de M. Yama qui, à cette occasion, s’est offert une tournée des médias pilotée par… l’équipe de communication de Jean Ping.

La base de Dynamique Unitaire réticente car opposée au mélange des genres

Mais reste un obstacle de taille pour Jean Rémy Yama. La base de Dynamique Unitaire ne voit pas d’un bon œil le mélange des genres entre militantisme syndical et activisme politique. « Jean Rémy est face à un dilemme », reconnaît un de ses intimes. « Il sait que ce serait mal vu par les militants de se présenter. Mais en même temps, il en a tellement envie. Je ne sais s’il sera capable de résister. »

Il y a peu, Jean Rémy Yama, 53 ans, a déclaré publiquement qu’il attendrait ses 60 ans et sa retraite syndical pour jouer « un rôle politique local. » Pas sûr que ce fils de paysan de Lastourville (Ogooué-Lolo), pur produit de la fonction publique gabonaise, puisse attendre encore sept ans pour franchir le Rubicon.