Gabon : Jean Ping juge « sans intérêt » la déclaration de Zacharie Myboto

L'opposant gabonais, Zacharie Myboto @ DR

Le président de l’Union Nationale (UN) a fait cet après-midi une déclaration publique. Jean Ping, figure emblématique de l’opposition gabonaise, l’a jugée « sans intérêt »

Sa parole était attendue. Mais elle a manifestement déçu. Sans doute, certains espéraient mieux de la part d’une des principales figures de l’opposition.

Dans sa déclaration publique, faite ce samedi 23 février depuis son domicile de la Sablière à Libreville, Zacharie Myboto a, sans surprise, qualifiée de désastreuse la situation du Gabon du fait de l’absence prolongée d’Ali Bongo qui induirait, selon lui, le blocage des institutions. La solution, selon l’opposant, passerait par la constatation de la vacance du pouvoir.

Si sur la forme, cette déclaration se voulait offensive, sur le fond, en revanche, elle ne semble guère avoir convaincu. Il faut dire qu’il n’y avait là rien d’original.

De fait, du côté de l’opposition, plusieurs personnalités se sont dits déçus par les propos de Zacharie Myboto. « Il n’y a rien de neuf. On a l’impression d’être revenu quatre mois en arrière », dit l’une d’entre elles. Quatre mois en arrière, c’est à dire au moment de l’hospitalisation à Ryad en Arabie Saoudite du président Ali Bongo.

Dans les jours et les semaines qui ont suivi, plusieurs figures de l’opposition, dont Jean Ping, ont tenté de tirer partie des ennuis de santé du président Ali Bongo. Sans succès. Depuis, l’ensemble des institutions se sont remis à fonctionner, avec en particulier l’installation de l’assemblée nationale, la nomination d’un nouveau gouvernement ou encore l’élection des maires. Quant au président de la République, après être revenu à Libreville le 15 janvier, il devrait être définitivement de retour dans son pays au mois de mars, soit dans quelques jours.

« Zacharie Myboto vient de se réveiller »

D’où les commentaires ironiques venus du PDG. « Zacharie Myboto vient de se réveiller. Mais il est un peu tard », s’amuse l’un d’entre eux. Un autre tente d’expliquer cette réaction tardive et quelque peu anachronique compte tenu de l’évolution de la situation, par l’âge de l’intéressé : celui-ci a en effet aujourd’hui 81 ans. « Forcément, il va moins vite qu’avant », dit ce responsable local du parti présidentiel.

Mais la critique la plus mordante vient comme souvent de son propre camp. Une figure montante de l’UN, candidat malheureux aux élections législatives dans une commune proche de la capitale, a déploré le fait que Zacharie Myboto « n’a rien dit de plus que ce que le parti a déclaré à plusieurs reprises en novembre et en décembre derniers via la publication d’une série de communiqués. C’est une redite, rien de plus », déplore ce responsable de l’UN.

Même son de cloche du côté de la Coalition pour la Nouvelle République (CNR). Sondé par son entourage, son président, Jean Ping, s’est contenté d’une observation lapidaire, jugeant « sans intérêt » cette déclaration. Il faut dire que les relations entre les deux hommes ne sont plus, depuis la présidentielle de 2016, au beau fixe. Récemment, ces deux personnalités se sont affrontées sur la stratégie à suivre, participation ou boycott, à l’occasion des élections générales d’octobre dernier.

Sans le dire, nombreux sont aujourd’hui les responsables de l’opposition, y compris au sein de son propre parti, à penser qu’il serait temps pour Zacharie Myboto de prendre sa retraite politique et de passer le flambeau à une nouvelle génération. « Les résultats des dernières élections ont été catastrophiques pour le parti. Il est grand temps d’en faire l’inventaire », explique l’un des responsables de la formation de Zacharie Myboto, convaincu que « le leadership vieillissant n’est pas pour rien dans cette débâcle ».

Lors des dernières législatives, en effet, l’UN n’était parvenu à faire élire que deux députés. Loin, très loin, de ses ambitions de départ et des résultats obtenus par les autres formations de l’opposition, comme Les Démocrates (13 députés) ou le RHM (6 députés) .