Gabon : Jean Ping fait voler en éclat l’espoir d’une candidature unique de l’opposition lors de la présidentielle de 2023

Jean Ping lors de ses vœux sur les réseaux sociaux le 31 décembre 2022 © Capture d’écran

Le 31 décembre, à l’occasion de ses vœux, comme il l’a fait depuis six ans, Jean Ping a redit la certitude de son « arrivée au pouvoir ». En creux, ces déclarations signifient que le leader de la Coalition pour la Nouvelle République n’entend pas désigner, comme certains l’espéraient, sinon un héritier, au moins un successeur à la tête de l’opposition pour présenter un front uni lors de la présidentielle de 2023 face au candidat de la majorité et grand favori du scrutin, Ali Bongo Ondimba.

Présidentielle 2023 au Gabon, pour l’opposition, c’est mal parti.

Alors qu’une partie de l’opposition tente, avec peine, de se réunir, tout en militant en faveur d’une profonde réforme du Code électoral pour garantir des élections dans un climat apaisé, c’est d’un violent revers de main que Jean Ping a balayé ces initiatives le 31 décembre dernier dans son discours des vœux diffusé sur les réseaux sociaux.

« La recherche de la perfection du processus d’organisation des élections est louable, particulièrement au sein d’une démocratie et d’une république dignes de ce nom. À condition de ne pas oublier la leçon tant de fois apprise au terme des élections successives. Il est en effet fondamental de comprendre que le problème réside dans le déni systématique de la vérité des urnes et la conservation du pouvoir par la force, quels que soient les résultats des urnes », a déclaré, pour la énième fois, le leader de la CNR.

Echange d’amabilités entre les camps Ping et Missambo

Une critique directe à l’encontre de Paulette Missambo, la présidente de l’Union nationale et de quelques petits partis de l’opposition qui se sont engagés depuis quelque temps dans une réflexion commune. « Soit Paulette Missambo et naïve, soit elle a une arrière-pensée derrière la tête », cingle l’un des fidèles de Ping.

« Ping vit depuis six ans dans un déni de réalité. Ils se croient président. Le problème, c’est qu’il est le seul à le croire. Pendant ce temps, le Gabon avance, l’opposition avance, mais lui fait du surplace », déplore en retour un des vice-présidents de l’UN.

Du côté de Barro Chambrier, l’humeur est tout aussi morose. « On s’apprête à courir une course difficile. Et avant, on se tire une balle dans le pied », se lamente l’un des collaborateurs du président du RPM.

Mais ces critiques, l’ancien candidat à la présidentielle de 2016 n’en a cure. « Face à ce régime, point d’élection qui vaille. La peine ne vaut de parler d’élection », a-t-il tonné lors de ses voeux du 31 décembre. Une position qu’il avait déjà exprimée dans une interview à France 24, en février 2022, et réaffirmée dans son message du 17 août 2022.

« Comme un artiste qui veut mourir sur scène »

« En réalité, » explique un professeur de science politique de l’UOB, « ces déclarations s’expliquent aussi, peut-être surtout, par le fait que Jean Ping n’entend pas le témoin de leader de l’opposition. Que ce soit Barro Chambrier, Missambo ou un autre, personne ne trouve grâce à ses yeux ». Et d’affirmer : « il ne se résout pas à se retirer. Il est comme un artiste qui veut mourir sur scène. Au fond de lui il y croit toujours. Il est persuadé de sa bonne étoile ». 

Reste que le temps passe. Et à 81 ans cette année, Ping est plus que jamais au crépuscule de sa carrière politique.