Gabon : Jean Ping accusé de « toujours critiquer sans jamais rien proposer »

Jean Ping, le leader de la Coalition pour la Nouvelle République (CNR) au Gabon © facebook.com/PRJeanPing

En difficulté depuis plusieurs mois en raison de la désagrégation du front de l’opposition, Jean Ping a du mal à faire entendre sa voix dans le débat sur la réduction du train de vie de l’Etat et l’assainissement des finances publiques en cours au Gabon. Une position de faiblesse qui le contraint à s’abriter derrière le paravent des syndicats.

Dimanche 15 juillet, dans une relative indifférence pour cause de finale de la Coupe du monde de football, Jean Ping a déclaré dans un communiqué apporter son soutien à Dynamique unitaire, l’organisation intersyndicale qui rejette les réformes du gouvernement visant à permettre au Gabon de retrouver l’équilibre de ses finances publiques.

Le leader de la Coalition pour la nouvelle République a exprimé son opposition à l’encontre « des mesures d’austérité prises par les putschistes dans l’irresponsabilité et l’improvisation totales, sans concertation préalable avec les syndicats représentatifs et la société civil», ajoutant que les mesures du gouvernement sonne « l’échec et la fin d’une politique de mensonges, de violences et de promesses non tenues ».

Et Jean Ping de lancer cette harangue à la fin de son communiqué : « j’appelle le peuple gabonais à soutenir, sous toutes les formes, les actions et les mots d’ordre de Dynamique Unitaire ».

Si les partisans de Jean Ping se sont réjouis de ces déclarations sur les réseaux sociaux, celles-ci masquent un aveu de faiblesse pour ce professeur en sciences politiques d’UOB.

« Sur le plan politique, Jean Ping n’est plus le leader naturel de l’opposition, dont certains des membres ont rejoint le gouvernement ou bien s’apprêtent à participer aux élections législatives que, lui, souhaite boycotter. Du coup, il essaie de chercher du soutien du côté des syndicats en les caressant dans le sens du poil », explique l’universitaire.

Mais cette attitude qualifiée d’opportuniste n’est pas le seul problème rencontré actuellement par le leader de la CNR. « Jean Ping est très gêné dans le débat sur les réformes prises par le gouvernement. Il sait que ces mesures sont indispensables. Or, il ne peut les soutenir pour des raisons politiques évidentes. Mais en s’y opposant, il prend le risque d’apparaître aux yeux d’une partie de l’opinion gabonaise comme irresponsable. D’autant que beaucoup de Gabonais lui reprochent depuis 2016 de critiquer en permanence le pouvoir sans rien contre-proposer, comme l’illustre d’ailleurs bien son communiqué. »

Plusieurs opposants, se démarquant de Jean Ping, se sont dits eux favorables aux mesures prises par le gouvernement car, disent-ils, « elles sont nécessaires au redressement du pays ».