Gabon : Jean Eyeghe Ndong brise l’omerta sur le climat délétère au sein de l’opposition gabonaise

Jean Eyeghe Ndong très critique vis-à-vis de ses camarades de l'opposition gabonaise © L'Union

Dans une interview au quotidien L’Union, l’actuel président du groupe parlementaire des Forces du changement au Sénat critique violemment les opposants qui participeront aux élections prévues en octobre prochain. Dans son viseur figurent Barro Chambrier, Casimir Oyé Mba et Ntoutoume Ayi.

Le propos est tranchant. « Je constate qu’au sein de la Coalition pour la Nouvelle République certains disent qu’ils vont aux élections malgré tous les problèmes qui ont été soulevé », dit d’emblée Jean Eyeghe Ndong, fustigeant l’hypocrisie de ceux qui, au sein de l’opposition, contre l’avis de Jean Ping, et qui représentent une large majorité en réalité, ont décidé de participer aux élections législatives et locales prévues en octobre prochain au Gabon.

« Au sein de la CNR, le climat est délétère, c’est le moins que l’on puisse dire », poursuit l’opposant qui en profite pour régler de vieux comptes. « Aujourd’hui, nous avons la preuve que [certains opposants] ne soutenaient pas Jean Ping en 2016. Ils ne l’ont fait que du bout des lèvres », accuse-t-il, ravivant ainsi de vieilles plaies et prenant le risque d’un grand déballage à moins de dix jours de l’ouverture de la campagne électorale pour les élections législatives et locales.

Tout au long de son entretien, Jean Eyeghe Ndong, qui fut premier ministre de 2006 à 2009, ne ménage pas ses critiques vis-à-vis d’une opposition qu’il juge inconstante et friable. « Vraiment, je me demande si nous sommes dignes de représenter les Gabonais quand je vois certains comportements », déplore-t-il. Manifestement dépité, ce dernier a d’ailleurs décidé qu’il ne soutiendrait aucun candidat à l’occasion des élections à venir.

Divorce consommé

Ces propos émanant de l’un des principaux leaders de l’opposition ne font que confirmer les informations divulguées depuis plusieurs mois par la presse gabonaise, qui dessinent une fracture très nette qui scinde désormais en deux l’opposition gabonaise.

Une fracture qui s’explique non pas en raison de divergences idéologiques mais pour des questions de querelle de leadership. Le président du Rassemblement Héritage et Modernité (RHM), Alexandre Barro Chambrier, et les dirigeants de l’Union Nationale (UN), Casimir Oyé Mba et Jean Gaspard Ntoutoume Ayi, qui participeront tous aux élections d’octobre, lorgnent en effet depuis plusieurs mois déjà la place de leader de l’opposition dévolue jusqu’à présent à Jean Ping. Même s’il ne les cite pas, c’est bien eux (Barro Chambrier, Oyé Mba et Ntoutoume Ayi) que Jean Eyeghe Ndong visent dans son interview à L’Union.

L’opposition gabonaise, qui offre le spectacle d’un déchirement, pouvait sans doute espérer une meilleure rentrée à la veille d’élections générales, importantes pour les cinq années à venir. Entre ses principaux leaders, derrière les propos publics parfois très feutrés, le divorce est bel et bien consommé. Et c’est Jean Eyeghe Ndong, qui dit tout haut ce que Jean Ping pense tout bas, qui a brisé l’omerta.